Hier nous sommes allées à Grenoble pour les rencontres Montagnes et sciences .
Elles
ont été maintenues malgré les évenements de Paris et cela m'a semblé
une bonne décision ; voilà ce qui a été écrit sur leur page facebook :
"Nous souhaitons de notre côté maintenir les Rencontres Montagnes et
Sciences, dans cette actualité dramatique, persuadés que le partage de
la connaissance et la curiosité pour l'inconnu sont au fondement du
vivre ensemble."
Je ne peux
qu'être en accord avec cela tout comme je l'ai été avec le discours du
colonel Lancrenon (13e BCA) au matin du 11 novembre place du palais
de justice à Chambéry :
« il nous appartient, plus que jamais aujourd’hui dans un monde de
tension, d’assumer le devoir de Mémoire, pas dans un sens morbide, mais
bien pour mettre à l’honneur la paix. ....».
Pour vivre ensemble connaître
l'autre est indispensable car le connaître permet de respecter ses
différences et de se rendre compte de tous nos points communs .
Marianne Chaud l'a explicitement dit dans le film qui nous a été présenté samedi au Palais des sports , la nuit nomade .
Celui ci m'a enchantée , plus que Lost worlds qui m'a beaucoup plu aussi et qui a enthousiasmé mes filles ; aventurier ... de quoi les faires rêver !
L'intervention deEvrard Wendenbaum
l'aventurier passionnant et visiblement passionné a pointé du doigt
la nécessité de protéger et les zones menacées et les petits
territoires encore non exploités (abusivement) par et pour les
humains.
Je n'ose pas parler de territoires indemnes sur
lesquelles les activités humaines n'auraient pas eu d'impact ;
l'interview de Claude Lorius qui nous a été projetée est explicite à
ce sujet : depuis la révolution industrielle les activités humaines
modifient l'atmosphère terrestre de façon de plus en plus importante .
Les
modifications climatiques engendrent des migrations humaines
s'expliquant en partie par la pénurie en eau qui en découle.Les zones
géographiques les plus touchées sont aussi celles où des conflits
couvent ou sont déclarés en Afrique , au Moyen Orient..., ceux ci se
doublant parfois de famines
Les
conflits au Moyen Orient ... un "chemin" pour revenir sur les
attentats de Paris(et aussi ceux de Beyrouth) ; ce serait , à mon avis ,
trop facile d'y trouver une justification à ces actes de terrorisme
commis par des abrutis endoctrinés par des mégalomanes qui utilisent
une religion pour servir leurs intérêts.
C'est cette fois
l'Islam qui est instrumentalisé mais le catholiscisme a aussi été
utilisé à des fins ne correspondant pas à l'esprit des évangiles.
Tous
les musulmans ne cautionnent pas ce qui s'est passé , loin de là, et
j'ai trouvé sur le net des écrits qui le disent explicitement :
[...]Je suis peut-être fou, mais je vais le dire et je m’en fous : si je
dois me retrouver avec tous ces imbéciles, tous ces nuls, tous ces
assassins qui tuent, de sang froid, des êtres humains comme eux, mais
qui ont eu la malchance de ne pas être comme eux, des « musulmans », de «
vrais musulmans » comme ils disent, et bien, je ne veux pas de ce
paradis ! Que toutes ces canailles et tous leurs fans y aillent, qu’ils
remplissent leurs entrailles de toutes ces victuailles qu’on leur promet
et qu’ils jouissent, eux et tous leurs semblables, de toutes les
vierges et de tous les éphèbes jusqu’à satiété toute l’éternité.
Je suis peut-être fou, mais je vais le dire et je m’en fous : je
préfère aimer un peu, beaucoup, à la folie mon prochain et ma prochaine,
même s’il est ou si elle est loin de moi, loin de mon pays, loin de ma
culture, loin de la religion qu’on a choisie pour moi, et s’il faut pour
cela, aller en enfer, j’irai, le cœur gai et l’âme tranquille. Je
préfère brûler, griller, embraser et ressusciter un millier, un million,
un milliard de fois, pour à nouveau m’enflammer, cramer jusqu’à me
carboniser aux côtés de gens étrangers joyeux et intelligents, que de
boire le plus petit verre de vin béni de l’éden ou me taper une nana
perpétuellement pucelle.
Je suis peut-être fou, mais je vais le
dire et je m’en fous : je hais tous ces « musulmans » haineux, ces
monstres qui tuent au nom d’Allah, et tous ces « musulmans » qui les
soutiennent, qui sympathisent avec eux et qui trouvent des excuses à
tous leurs actes barbares [....]
Il y a des imams aussi qui ont exprimé leur désaveu
http://www.saphirnews.com/Attaques-terroristes-a-Paris-les-reactions-fermes-des-organisations-musulmanes_a21534.html
et même des institutions telles el Azhar
"L’Azhar condamne les attaques terroristes qui ont visé Paris
L’Azhar condamne fortement les attaques terroristes et la prise en otage
à Paris qui ont tué et blessé plus de cent personnes tout en soulignant
que les mains de bassesse et de terrorisme se sont débarrassées du
moindre sens d'humanité en versant du sang et en assassinant les
innocents.
Ce danger haïssable ne cessera de commettre ses crimes
atroces contre les civils tant que la communauté internationale ne
conjugue pas ses efforts pour y faire face.[...] "
Certains
ne s'expriment pas de façon publique , ils n'en pensent pas moins et
sont affectés par ce qui s'est passé simplement par l'horreur des
actes non obstant le fait d'être possiblement touché par la perte d'un
proche ou par ce qu'ils ont connu l'enfer fabriqué par ces religieux
intégristes et fanatiques en Algérie ou ailleurs ; simplement par ce
que l'idéologie sous-jacente nie l'humain, le réduit à un moyen pour
satisfaire un ego perturbé.
Mais il y a , j'en suis sûre, un
certain nombre d'individus en France qui sont ne sont pas opposés ou
même qui cautionnent ces actions.
C'est cela qui est effrayant
et cette peur leur donne un pouvoir .
Il
y a eu hier à Grenoble , à 16h30 , une minute de silence pour les
victimes et une minute d'applaudissement pour les forces de l'ordre et
les sauveteurs .
A mon grand regret je n'y ai pas vu de femme
portant le foulard )ou davantage voilée) ni d'homme en kamis. Puis-je
croire que c'est simplement par crainte d'être pris à partie ou est ce
significatif -au mieux- d'une indifférence ?
J'aurai aimé que
certains de ces musulmans influencés par les mouvances salafistes
affichent leur solidarité avec les autres habitants de notre pays , leur
désaveu des exactions terroristes.
A Chambéry le haut ce matin ,sur le marché , une association musulmane
portant le nom de dine al haqq distribuait des prospectus sur ce qu'est
l'Islam pour eux; ils ont refourgué leurs documents à un maximum de
personnes , y compris à ceux qui pourtant étaient visiblement
maghrébins donc officiellement musulmans... pas assez "musulmans" sans
doute à leurs yeux.
J'espérais autre chose .
Je crains
que demain certains élèves refusent de respecter une minute de silence à
midi ainsi que d'autres l'ont fait après l'attentat copntre Charlie
Hebdo.
Le devoir de mémoire pour ne pas que soit oubliée la
nécessité de lutter contre les idéologies totalitaristes et leurs
adeptes est plus que jamais d'actualité.
http://www.cms.fss.ulaval.ca/recherche/upload/hei/fichiers/bulletin48.pdf
http://www.matthieuthery.com/energy/water-crisis/?lang=fr
http://www.scienceshumaines.com/geopolitique-de-l-eau_fr_24012.html
les cartons de Cornélius
lundi 4 janvier 2016
mi-novembre 2015 Paris
Je n'ai appris que samedi matin l'ampleur de la déflagration ; par l' appel téléphonique d'un de mes fils : "nous n'avons rien " .
A vrai dire même si j'avais su je ne me serais sans doute pas inquietée :
Chilly-Mazarin n'est pas vraiment Paris et les jeunes gens ne sortent pas le vendredi soir .... J'ai donc pris une claque en entendant "c'est le quartier où on va souvent ... on a hésité et finallement on a regardé le match ".
Les catastrophes ne concernent pas que les autres et c'est un moment comme celui ci qui me l'a violemment rappelé .
Chez nous pas de souci mais combien de familles, d'amis , de copains dans la peine et/ou l'angoisse d'avoir un ou plusieurs proches tués , blessés ou choqués par ce qui est arrivé à côté d'eux .
Un cousin des enfants a écrit :"j'ai eu peur ; plus de peur que de mal . Je suis rentré en traversant la moitié de Paris à pied " . Il aurait pu ne pas pouvoir écrire cela .
J'ai eu peur , retrospectivement ; à l'idée de ce qui aurait pu arriver . Et comme je ne savais pas le risque potentiel au moment des faits j'ai pu prendre cela avec la distance de la reflexion .
Je n'imagine que trop bien ce qui a pu se passer dans la tête des parents , du compagnon ou de la compagne , des amis, qui savaient que celui ou celle qu'ils n'arrivaient pas à joindre devait se rendre dans ce quartier là .
L'angoisse du silence , de l'absence d'informations , des appels téléphoniques à ceux qui -peut être - sauraient que tout allait bien , que le téléphone n'avait simplement plus de batterie.
Cela doit ressembler à l'attente de l'arrivée de celui ou celle qui a pris la route et devrait être là depuis 14 heure , 2 heures .... 4heures , 4heures 30 .... et qui n'est pas là , n'a pas téléphoné pour dire qu'il dormait en route ou qu'il était resté plus tard que prévu chez un copain.
De l'attente d'un appel on passe à la crainte de l'appel des services de police .
Hier soir , 24heures après les faits beaucoup de victimes n'étaient toujours pas identifiées .
J'aurai pu être un parent en face du silence .
J'aurais peut être aussi être durant une partie de la journée un parent insouciant par ce que ...Chilly Mazarin n'est pas Paris et que l'on ne se téléphone pas tous les jours .Le reste de la fratrie m'aurait sans doute vite fait atterrir :
"Pour toute la famille et Les amis a Paris, j Espere que vous etes en securite.
Est ce que quelqu'un sais si la famille est safe?"
Que ce soit de Grenoble ou d'Australie ils ont réagi; je ne serais pas restée longtemps insouciante .
J'ai failli l'être .
d'une vieille histoire et d'aujourd'hui
Elle
se réveille le coeur en tachycardie . Cette vieille histoire et
surtout la façon dont elle a été modifiée et utilisée lui
pourrit la vie par moments depuis qu'elle a retrouvé dans le
dossier de divorce le témoignage de son ex-belle soeur .
Elle
n'en a pris connaissance que l'année dernière en cherchant des
documents se trouvant dans le dossier pour une autre procédure
lancée par celui qui a été son mari .
Depuis
elle en en a rêvé , cauchemardé, et y repense par à-coups avec
à chaque fois de la honte et de la peur à l'idée que cela soit
su et puisse être évoqué à son encontre .
Elle
a honte et de ce qu'elle a fait impulsivement en réaction et de
s'être laissée manipulée sans rien y voir , de sa naïveté -pour
ne pas dire sa niaiserie- qui lui apparaît avec le recul;elle
n'est pour autant pas sûre que si les faits se produisaient
maintenant elle serait plus méfiante.
Tout
a commencé par la perte de ses clés sur le parking une fin d'après
midi d'hiver . Elle ne s'en est aperçu qu'au moment de rentrer chez
elle après avoir été manger chez les parents d' une copine .
Elle
a pensé alors les avoir perdu .
Avec
ses clés était accroché un petit bonhomme en métal auquel elle
tenait énormément car c'était un cadeau de son père, un
Jacquemard fabriqué à l'occasion de la cinquantième fête des
musiques du Faucigny.
Elle
a alors récupéré le trousseau de secours déposé chez une
voisine.
Le
copain de la copine est venu changer le verrou mais celui qu'il a
posé n'avait qu'une seule clé ...enfin c'est ce qu'il lui a dit.
Elle
est partie quelques jours et à son retour il lui a semblé que des
choses avaient été déplacées dans le logement. Bêtises car la
porte était bien fermée .
Quelques
nuits plus tard les appels téléphoniques anonymes ont commencé ;
silence ou respiration bruyante dans l'appareil lorsqu'elle
décrochait ,musique parfois .
Elle
en a parlé autour d'elle et la copine au verrou lui a dit que
cela lui arrivait aussi , qu'elle avait pu savoir quel était le
numéro de son correspondant en utilisant un appareil que son
copain avait ramené d'Amérique et qu'elle avait rappelé en
faisant la même chose , que cela s'était arrêté .
Elle
a bien sûr accepté que le test soit
fait chez elle après
quelques semaines ponctuées d'appels nocturnes .
Plusieurs
fois en rentrant elle a trouvé le verrou fermé à double tour alors
qu'elle pensait n'avoir pas
plus que les autres jours donné
un tour de clé ; parfois même la serrure de la porte était
fermée alors qu'elle n'avait pas souvenir de l'avoir fait et que
d'habitude elle se contentait de tirer la porte .
Ce
qu'elle toujours d'ailleurs .
Elle
n'a jamais verrouillé sa porte même quand elle avait une poignée
permettant d'ouvrir de l'extérieur .
Il
lui est arrivé d'autres fois d'avoir une impression d'étrangeté
en rentrant chez elle , le ressenti d'une bizarreté comme
une présence qui viendrait de s'évanouir .
La
copine lui a inscrit le numéro sur un papier , elle a fini par
l'utiliser 5 ou 6 fois en réponse, en représailles , suite à ces
sonneries au milieu de la nuit qui la réveillaient et l'angoissait
.
En
mettant des chansons en fond sonore .
Elle
ne s'est alors pas interrogée sur la fameuse machine , n'a pas
douté de la parole de la copine .
Il
n'y a plus eu de sonneries nocturnes mais plusieurs fois encore
elle a eu l'impression que quelqu'un était entré chez elle en son
absence .
Cela
l'angoissait .
Elle
s'est alors attachée à fermer la
porte à clef quand
elle sortait .
Elle
tirait même
le verrou quand
elle rentrait , effrayée à l'idée que quelqu'un pourrait entrer .
Quelques
jours ont passé , elle s'est trouvé ridicule : même si
quelqu'un avait trouvé ses clés comment aurait il pu savoir à qui
elles appartenaient ?
Elle
s'est rassurée , s'est tournée
en dérision quand
elle se prenait à vérifier en rentrant si il n'y avait personne
dans la douche , uniquement par ce qu'elle avait l'impression d'une
odeur , d'un air différent en passant la porte .
Quand
elle a parlé autour d'elle de ce qui se passait elle a été moquée
...à raison a t'elle pensé ; les fantômes n'existent pas et
nul être de chair ne peut passer à travers une porte fermée .Son
imagination lui jouait des tours
Un
jour en prenant le courrier juste avant de partir travailler elle a
trouvé son Jacquemard dans la boîte aux lettres ; elle a été
prise de panique .
Elle
était terrorisée et n'avait pas la tête à ce qu'elle devait faire
.
L'impression
que son logement était visité quand elle n'y était pas
correspondait peut être
à la réalité .
Quelqu'un qui la connaissait avait ses clés , venait sans doute
quand elle était absente, pouvait pénétrer dans le logement
n'importe quand... Elle
a passé plusieurs nuits inquiètes , cherchant à identifier les
bruits .
Fermer
systématiquement le verrou en sortant était la solution :
celui ou celle qui avait récupéré le trousseau et ne le lui avait
pas rendu ne pouvait posséder la clé du verrou .
Elle
a fini par se moquer de la folie de ses pensées quand elle se
prenait à suspecter que quelqu'un était passé chez elle par ce
qu'elle ne trouvait pas tel ou tel objet là où elle pensait
l'avoir posé ; il n'était jamais bien loin , juste quelques
centimètres à côté . Si
la paire de ciseaux n'était pas dans la boîte à crayon mais sur
le bureau cela ne pouvait être que par ce qu'elle ne l'avait pas
rangée .Elle n'avait pourtant pas le souvenir de s'en être servie .
Une
inquiétude sourde l'a accompagnée plusieurs jours puis , puisqu'il
n'arrivait rien , elle s'est tranquillisée.
Elle
a alors accepté un travail d'été qui l'obligeait à dormir sur
place. Elle partait tôt le lundi et revenait le samedi .
Il
y a bien eu un jour où ,elle a eu la certitude que quelqu'un était
passé : la porte fenêtre était entrebâillée.
Ce n'était pas
possible pourtant .
La
porte était toujours verrouillée quand elle est rentrée . Au
dernier moment , en retard pour partir le lundi matin elle a dû
oublier de fermer la fenêtre . Cela n'avait eu aucune importance :
les volets étaient tirés et , de toute façon , elle habitait au
quatrième étage.
Elle
ne pensait plus à tout cela quand elle est retournée en cours .
Elle a donc été surprise par la convocation d'un professeur . La
copine à la boîte magique était déjà dans le bureau quand elle
y est entrée .
La
réprimande l'a prise de court ; elle s'est vu accusée
d'appels anonymes
chez
ce professeur y compris pendant les vacances .Elle a essayé
d'expliquer ce qui était arrivé , de dire qu'elle n'avait pas été
chez elle tout l'été ;la honte de ce qui lui était reproché
était si grande que cela lui a été impossible .
Elle
n'a pas compris ce qui s'était passé.
En
y repensant 25 ans plus tard cela lui noue encore l'estomac .
Elle
a réfléchi ensuite à ce qui s'était passé sans jamais
comprendre le pourquoi de tout cela . Son trousseau n'avait jamais
été égaré et le nouveau verrou avait sans doute été vendu
-comme c'est l'usage -avec 2 clés. Quelqu'un , la copine de
l'époque sans doute , avait manigancé tout cela pour utiliser le
téléphone de
façon tordue .
On
lui a dit une fois que la donzelle en question avait dragué le
professeur et qu'il l'avait repoussée, qu'elle était jalouse de ce
qu'il m'ait proposé d'encadrer les travaux pratiques du premier
cycle pour compléter ma bourse .
Est-ce
une explication plausible ?
Elle
ne comprend toujours pas que cela ait pu engendrer un tel
comportement .
Pas
plus qu'elle ne comprend l'intérêt qu'il peut y avoir eu à évoquer
cette vieille histoire dans un divorce , l'intérêt qu'il peut y
avoir à salir quelqu'un dans une affaire qui ne nous concerne pas
.Elle ne comprend pas cette volonté de blesser , de nuire , qui va
jusqu'à présenter de telles allégations.
Elle
se heurte toujours à
ces affirmations mensongères , dégradantes
, qui la poursuivent à
travers des
dossiers où il n'y a pas de faits avérés mais
tant de déclarations
emphatiques qui veulent la montrer coupable et vont jusqu'à nier les
éléments dont elle donne la preuve .
Elle
a peur que ses enfants la jugent comme mauvaise au vu des dires
présentés comme des vérités , réitérés dans chaque procédure
par la partie adverse alors même que l'objet de celles ci n'est plus
le divorce comme s'il était important de continuer à
maintenir une emprise par des accusations et des qualificatifs
insultants qui se retrouvent écrits dans les minutes de ces
jugements qu'elle doit présenter chaque fois qu'une administration
le demande , dont elle ne peut donc se débarrasser .
Elle
a peur de regard des autres au cas où ils liraient le document .
Elle
se sent salie à chaque fois qu'elle doit en faire état .
Elle
sait que c'était maintenir la violence de la relation à travers
les années par le biais de l'inscription sur des documents
officiels .
L'utilisation
de cette vieille histoire de manipulation présentée de façon
tronquée c'est continuer à vouloir manipuler.Et tant d'année plus
tard cela reste toxique .
Alors
elle a tenu à expliquer comment elle a vécu les choses , à se
justifier , comme si elle était coupable de ça et du reste de ce
dont elle a été accusée .
Elle
espère qu'écrire les choses va l'aider à leur redonner leurs
justes importances .
samedi 12 décembre 2015
Emma et les esprits de Noel
Emma et les esprits de Noël
La vieille Emma venait d’avoir ses soixante seize ans .Depuis vingt ans qu’elle habitait son 2 pièces au troisième étage elle en avait vu défiler des locataires dans les deux autres logements de son escalier .A vrai dire elle avait toujours vécu là ; simplement du temps de ses parents puis après ,avec son mari et son fils , la famille occupait le rez de chaussée et le premier : sa mère tenait une boutique et elle avait pris la suite ….. pour remailler les bas , faire du repassage , reprendre des vêtements . Pour le repassage et la couture la clientèle venait surtout de la rue de Boigne , de la place Saint –Léger , de la rue Saint –Antoine….des « dames » qui ne risquaient pas de s’abîmer les mains en allant prendre du thé et des gâteaux au « pâtissier galant » sous les arcades mais qui venaient pour faire élargir leurs robes et leurs jupons .
Le rez de chaussée était toujours humide et sombre ,pour y accéder il fallait descendre trois marches . Elles travaillaient sous la lampe car elle ne pouvaient pas se permettre de ne pas faire de la belle ouvrage : petits points serrés , reprises des dentelles qui étaient en elles même des dentelles , repassage des plis –sans faux plis-…..L’hiver malgré le poêle elles avaient toujours l’impression d’avoir froid .
De l’autre côté du passage voûté qui menait à la cours un autre escalier desservait la maison voisine ; les appartements étaient occupés maintenant par des noirs et des chinois qui faisaient une drôle de cuisine . Les odeurs n’étaient pas tous les jours ragoûtantes mais elles avaient au moins l’avantage de masquer les effluves de pipi de chats ….Pour ça il y en avait des chats dans le quartier mais il n’empêche que la nuit elle ne serait pas allée dans la cours parce que les bruits de courses furtives et les piaillements elle ne savait pas trop si c’était les chats ou des rats
Samedi matin avant 9 heures
Emma fermait la porte de son logement en écoutant ce qui se passait chez ses voisins du dessous.
L’immeuble était étroit et aux deux étages inférieurs il n’y avait qu’un appartement dont la porte donnait sur la coursive extérieure desservie par un escalier de bois dont les marches usées glissaient dès qu’il faisait humide. La balustrade rouillée branlait quand elle s’y accrochait mais c’était mieux que rien … elle n’avait plus le pied aussi sûr qu’avant et craignait de tomber
« si je m’étiaffe comme la mémé d’en face et que j’y laisse mon col du fémur je finirais à l’hospice . »
Elle était allée voir la mémé au pavillon Sainte –Hélène et le spectacle l’avait déprimée pour au moins une semaine.
« rien que des vieilles , certaines le cul à l’air sur des chaises percées…. posées devant une télévision qui braille . « Les feux de l’amour » , tu parles comme ça devait l’intéresser la mémé ce truc à l’eau de rose ; heureusement que j’avais des choses à lui raconter :la fatima d’en face qui s’est mis en ménage avec un roumain qui lui fait faire la manche devant le Prisunic , le gros du restaurant qui a dû fermer un mois après le passage de l’inspecteur …y a longtemps que tout le monde sait qu’il y a des blattes dans sa cuisine , le grand noir qui habite au fond de la cours dans l’ancienne remise et qui raconte qu’il est voyant …. ce qu’il voit j’en sait rien mais il a des visites , des pas tristes des fois !
Madame Gozzi ,du second, elle dit que depuis qu’il est là il fait venir des zombis et que c’est eux et pas les rats qu’on entend dans la cour . Elle a beau dire je l’ai vue moi aller au fond de la cour …. elle voulait sûrement un sortilège pour faire revenir le petit blond qui passait la voir pendant que son aînée était à l’école et la petite à la sieste ; elle peut faire sa sainte nitouche celle là tient …et même pas aimable avec ça . Toujours à râler et à médire ! »
Emma s’arrêta sur la coursive du deuxième étage , pris le temps de refixer les peignes en corne qui retenaient ses cheveux sur les côtés ….elle se donnait du temps pour écouter .
La dernière née des Gozzi pleurait tandis que sa mère criait à sa sœur de s’arrêter immédiatement….. Agrippée à la rampe métallique Emma commença à descendre lentement , faisant particulièrement attention à rester sur le bord pour pouvoir poser entièrement le pied ; le milieu des marches était creusé par le passage et leur rebord était incurvé.
« Arrête donc de lui faire peur en racontant que tu entends marcher un fantôme la nuit et qu’il viendra prendre son Doudou si elle ne te laisse pas sa trottinette. C’est toi qu’il va venir chercher si tu ne débarrasses pas immédiatement la table du petit déjeuner …
-mais tu viens de me dire d’arrêter parce que les fantômes ça n’existe pas !
- ne répond pas s’il te plait !
mais non poussin , il n’y a pas de fantôme .Habille toi s’il te plait ! »
« c’est tous les jours la même chose » pensa Emma ; « leur mère ferait mieux de leur mettre une fessée chacune au lieu de crier pour rien . Chez nous il y a belle lurette que la mère aurait décroché le martinet ! »
Encore une marche .. « Dire que c’est elle qui a raconté l’histoire des zombis chez le primeur ; elle ne manque pas d’air …. »
La vieille dame continua sa descente prudente. Pas de bruit derrière la porte de premier étage : « l’allemande est encore couchée » grommela t’elle en continuant à descendre les marches une à une, avec précaution. Rien à dire sur la « Gretchen » ; depuis septembre qu’elle était arrivée Emma n’avait encore rien trouver à redire , cela en devenait louche .
Arrivée dans la rue Emma vérifia que son manteau noir était boutonné correctement et resserra les attaches de la capuche de plastique transparent qui lui couvrait la tête car il pleuviotait .
« Par les temps qui courent plus rien n’est comme avant . Pas de neige pour la Noël depuis je ne sais pas combien d’années et puis tout ce que les gens dépensent pour un jour , même que certains mangent des patates tout le mois de janvier ou même pire achètent à crédit c’est pas normal tout ça . »
Avec sa cane dans une main et son filet à provision dans l’autre elle ne pouvait pas prendre de parapluie. De toute façon les parapluies elle les perdait à peine achetés …c’est comme ses lunettes , elle avait dû mettre des cordons parce que sinon elle était tout le temps à les chercher
« Avec une paire de loin et une paire de près c’est pas étonnant ; je suis toujours à en poser une pour mettre l’autre …. » .
Elle ne voulait pas que son fils l’apprenne , ni ça ni le fait que l’autre dimanche elle était sortie en pantoufles. « pas la peine qu’il sache non plus que j’ai oublié le gaz sous la casserole la semaine dernière »
De toute façon il ne venait presque jamais sauf pour « demander des sous » ; il ne risquait pas de la mettre chez les vieux « parce que ça coûte »
Elle craignait plus que les Gozzi signalent des chose à l’assistante sociale ; pour la casserole ils étaient montés parce que cela sentait le brûlé et l’autre jour comme elle descendait en courses elle les avait bien entendus qui parlaient de la possibilité d’acheter son appartement quand elle serait partie. « Si c’est pour accélérer les choses qu’elle est allée chez le voyant elle va en être pour ses frais . J’ai encore toute ma tête et j’y crains pas moi la sorcellerie d’Afrique ; il peut bien lancer les sorts qu’il veux et faire venir les esprits j’ai toujours ma croix de communiante qui me protège . »
Elle traversa, longea la vitrine du disquaire ….cet individu qui portait une boucle d’oreille que son crâne rasé de près ne cachait pas .Enfin , c’était dimanche et le rideau du magasin était tiré, cachant ces « machins » malhonnêtes qu’il y exposait :
« des statuettes… qu’il appelle ça ; ben il est culotté d’afficher « statuette indienne ; kama sutra . Les statues , les statuettes pour de vrai c’est au musée qu’on les trouve ou à la Métropole ; à la Métropole il y en a même sur la façade et au moins ce sont de vraies statues même si il y en a de vilaines – des gargouilles dit le guide qui emmène les touristes – mises là pour décorer la cathédrale »
Emma pressa le pas en prenant le passage, elle ne voulait pas être en retard pour la petite messe ; elle ne voulait surtout pas qu’une autre prenne SA place . Du prie –dieu placé à côté du premier pilier , vers la porte de la sacristie elle pouvait voir ceux qui étaient là , ceux qui arrivaient en retard ou ceux qui partaient sitôt l’hostie avalée, avant la quête . Elle voulait surtout bien regarder comment les fleurs étaient arrangées et si les allées avaient été balayées correctement .Ce n’était pas sa semaine pour aider mais ce n’était pas une raison pour laisser faire n’importe quoi ; quand les choses n’étaient pas à sa convenance elle restait le temps que le monde sorte puis elle arrangeait à son goût .
Samedi 11 heures
Bien que chargée de son filet rebondi par les pommes et les poires à rissoles qu’elle venait d’acheter au marché, la viande hachée « hallal » qu’elle y achetait aussi et 1/2 tomme, Emma fit le détour par « les éléphants » au lieu de rentrer directement par la place Saint Léger ; elle voulait passer à l’épicerie de la rue d’Italie pour récupérer le pandoro qu’elle avait fait mettre de côté.
En chemin elle s’arrêta plusieurs fois pour échanger quelques mots avec ses anciens voisins , Angeline qui avait été en classe avec elle , à l’école de la rue de la banque , et qui était restée vieille fille …..Pas étonnant, mauvaise comme elle était ! Elle avait aussi rencontré Madame Ambrosi ; elles étaient restées un bon moment à discuter à la sortie de la cathédrale, évoquant
les vieilles et les vieux qui se retrouvaient comme elles à la Mission Italienne , rue Saint Réal .
Elles avaient un peu critiqué …entre ceux qui ne venaient que pour le café et les biscuits proposés à la fin des réunions et qui ne participaient pas à l’organisation du Loto de Janvier (dont la recette permettait de payer les petits goûters. Ils le savaient assez mais quand il fallait donner la main on les voyait rarement) ; de plus la plus part d’entre eux n’étaient arrivés qu’en 46-47 ….
En passant sous les arcades elle avait bien regardé tous ces gâteaux dans la vitrine de la pâtisserie en pensant avec envie qu’ils étaient sûrement commandés par ces familles qui habitaient les beaux appartements rénovés… Sûr que si elle y pensait davantage elle allait se sentir obligée de retourner à confesse !
Samedi 17 heures
Emma venait de terminer la compote à rissoles ; la pâte feuilletée attendait d’être pliée une septième fois. Elle s’assit cinq minutes pour boire un dernier café …
Les petites du second étage étaient sorties avec leurs parents juste avant, sans doute pour aller voir les vitrines et les rues décorées pour Noël.
La vieille dame repensa aux Noëls de son enfance puis à ceux de femme mariée , maman d’un garçonnet turbulent certes mais si mignon avec ses yeux bleus et ses boucles noires ; mi- souriante elle haussa les épaules pour se débarrasser des souvenirs ….
Il avait bien changé son garçon !
Maintenant Emma se préparait une fois de plus à passer les fêtes toute seule , à aller à la messe de 9 heures le soir parce qu’elle n’osait plus rentrer de la Métropole passé minuit .
Elle n’installait même plus la crèche .
Elle se resservit un café : « coupé avec de la chicorée ça ne peut pas me faire mal ». Elle ruminait….. C’était bien fini les veillées de Noël avec les voisins , l’époque des années 50 où en attendant de sortir dans la neige pour aller à la cathédrale les familles se retrouvaient tantôt chez les uns tantôt chez les autres ; les enfants jouaient aux petits chevaux , leurs pères faisaient une belote et les mamans bavardaient … Sa grand-mère assise à côté du poêle disait un chapelet ou continuait son tricot . Vers 11 heures la tisane était servie , un verre de blanc proposé aux hommes puis chacun passait chez lui mettre sa plus belle veste , son beau manteau après avoir emmitouflé ses gamins et les habitants de l’immeuble se retrouvaient dans la rue . Il y avait toujours quelqu’un pour aider la grand-mère et éviter qu’elle ne glisse .
« Les gens sont plus comme avant » pensa t’elle , « avec la télévision c’est chacun chez soi et chacun pour soi » . Emma se dit qu’elle ne risquait pas de demander de l’aide à ses voisins si elle avait un souci .
Quand elle était remontée tout à l’heure elle avait entendu Sainte Nitouche discuter avec son mari …faut dire qu’elle avait besoin de poser ses courses ; elle n’était pas restée là pour écouter mais elle n’avait pas pu s’empêcher d’entendre « Tu devrais monter lui dire à la mémé du dessus de ne pas faire de bruit le matin . Elle tourne et vire dès 5 ou 6 heures , son plancher grince et les filles se mettent à imaginer des fantômes »
Emma avait repris son paquet et continué son ascension . « Elle manque pas de culot ! Se plaindre alors que je fais bien attention à ne pas trop brasser …. C’est quand même pas le balai qui fait du bruit … De toute façon ce qui la dérange c’est qu’une fois ses filles réveillées elle ne peut pas traîner au lit !
Et puis me traiter de mémé, faut pas exagérer , j’ai pas encore atteint les quatre-vingts … »
Elle avait vu de la lumière chez l’allemande du premier en rentrant des courses et des voix jeunes avaient résonné dans l’escalier une partie de l’après –midi, avec des bruits de bouteilles qui s’entrechoquaient ; depuis un bon moment cependant le calme était revenu.
17h30 ! Elle avait dû s’assoupir quelques minutes. C’est le bruit de la machine à coudre des Silverstein qui avait dû la bercer : une belle Singer qui avait fait des envieux dans le quartier quand elle avait été livrée en mai 38 ….mais qu’est ce qu’elle racontait là ? « tu déhottes complètement ma vieille » se dit elle .
Les Silverstein avaient étés emmenés en 43, même que la vieille toupie du dessous, dont le frère s’était engagé volontaire pour le STO, avait dit aux boches que les deux petites étaient en classe. Les parents d’Emma en étaient encore tous retournés quand elle était rentrée de l’école.
Pourtant la machine à coudre continuait de l’autre côté de la cloison dans l’appartement au dessus de la boutique dont la vitrine s’ouvrait rue Dessaix...
« t’es fatiguée » pensa t’elle ; « tu vas finir par croire aux fantômes toi aussi , comme les petites du dessous » .
Emma se mit debout, finit de préparer ses rissoles et enfourna la première plaque … le bruit de la machine à coudre continuait à se faire entendre ; elle crut même un instant entendre pleurer le petit dernier des tailleurs. « Ce n’est pas possible, j’ai dû abuser sur la gnôle dans la compote ; elle m’est montée à la tête pendant que je touillais pour que ça n’accroche pas au fond de la casserole »
Samedi 1 heures
Emma faisait un petit clopet dans son fauteuil recouvert d’une couverture faite avec des carrés de laine récupérée en détricotant des gilets trop usés pour durer encore. Elle s’était déjà préparée pour aller à la messe de minuit : sa robe noire à petites fleurs et le gilet mauve qui allait avec , le chignon bien serré dans la résille retenait les cheveux qu’elle tirait avec des peignes au dessus des oreilles . Pour ne pas risquer de prendre froid elle avait mis par-dessus la robe de chambre en laine des Pyrénées qu’elle avait offerte à son Albert à peine queques mois avant qu’il ne passe …comme elle ne voulait pas la laisser perdre elle l’avait mise de côté avant que l’aide-ménagère vienne l’aider à débarrasser le linge .
Des cris de femmes, les pleurs d’un enfant, des pas précipités dans l’escalier …. La vieille dame se réveilla en sursaut ; la poignée de la porte d’entrée qu’elle avait fermée bougeait ….sans réfléchir elle ouvrit.
Une jeune femme brune se précipita dans la cuisine, un bébé de quelques mois dans les bras, l’allemande à sa suite.
Elles s’appuyèrent contre la porte qu’Emma avait refermé précipitamment derrière elles de façon instinctive .
Des coups sur le bois, au point de faire tomber le plâtre entre chambranle et cloison , des vociférations dans une langue étrangère hurlées par au moins deux hommes, les jeunes femmes pétrifiées , le bébé qui hurlait …. puis plus rien sauf des pas qui redescendaient l’escalier et les voix enragées qui s’éloignaient .
Bercé, le bébé se calmait ; sa mère le mit au sein tandis que Gertrude (désormais ce n’était plus « l’allemande » ) expliquait à Emma que son amie était une jeune fille de famille turque .Elles faisaient ensemble leurs études et avaient quitté Berlin en même temps : l’une officiellement dans le cadre d’un échange entre universités , l’autre en cachette car ,enceinte de son ami , elle avait été condamnée à être tuée par sa famille qui l’avait promise en mariage à un marchand d’Izmir et voulait « laver son honneur ».
Ils avaient retrouvé la trace de Gertrude et étaient venus chez elle où elles se trouvaient toutes deux pour fêter Noël avec des copains ; elles avaient ouvert sans méfiance pensant que c’était ceux-ci qui arrivaient avec un peu d’ avance.
Dimanche 1 heure
Emma pris congé de Gertrude et ses amis ; elle avait manqué la messe de minuit et se moquait de ce que Monsieur le Curé et ses copines pouvaient penser. Le Noël de cette année valait tous les sermons.
Gertrude l’avait invitée à les rejoindre au premier étage où pour ses copains de la faculté et Gudrun son amie elle avait organisé une fête .
Emma avait apporté rissoles et pandoro qui avaient fait plus d’heureux que quand elle les apportait à la Maison Diocésaine. Ils avaient partagé strudels, chocolats, baklawa , vin blanc , chansons , rires …
L’appartement avait bien changé depuis la jeunesse d’Emma ; il y faisait chaud .
La trappe qui permettait de prendre l’escalier de bois descendant à la boutique avait disparu sous un lino jaune . De toute façon la boutique n’existait plus : le local servait à la chaudière .
En cette nuit de Noël la jeune mère et son bébé, Myriam, allaient coucher chez Emma ; pour être en sécurité avaient elles dit mais surtout parce que cela faisait un grand bonheur à la vieille dame.
Le lendemain elles rejoindraient le logement que Gudrun occupait sous un nom d’emprunt :l’appartement des Silverstein, au dessus du restaurant indien de la rue Dessaix.
Le bruit qu’avait entendu Emma n’était pas celui de la machine à coudre mais le va et vient d’un fauteuil à bascule ou Gudrun se balançait en berçant sa fille .
Dire que Gertrude avait choisi cet appartement parce qu’il était possible , en enjambant la balustrade de l’escalier , de rejoindre la terrasse qui reliait la maison de la rue Croix d’or et celle de la rue Dessaix ; Gudrun avait ainsi un moyen de fuir en cas de danger et de rejoindre Gertrude discrètement .
C’était bien pensé mais ni l’une ni l’autre des jeunes femmes n’avaient envisagé la possibilité que pour atteindre Gudrun son frère aîné et son oncle pourraient vouloir s’en prendre à son amie .
Lundi 12 heures
Dans la boîte au lettres de Gertrude un courrier pour Gudrun attendait : sa demande de statut de réfugiée avait été accepté .
Pour l’heure cette dernière attendait son ami à la gare avec la petite Myriam dans la poussette que madame Gozzi lui avait donnée en disant que ce n’était « pas grand-chose … il faut bien s’aider dans la vie », que sa seconde fille allait sur ses trois ans et que cela lui rendait service en permettant de débarrasser le galetas de la layette et du matériel de puériculture qu’elle avait stocké « au cas où …»
Au troisième étage Gertrude aidait Emma à mettre le couvert pour huit personnes ; tous les habitants de la maison se réunissaient autour de Myriam et ses parents pour fêter Noël après le 25 Décembre.
Emma avait les joues rougies par la chaleur régnant dans sa cuisine ; entre la cocotte de fonte où mijotait du lapin et la polenta qui gratinait au four la gazinière aurait suffit à chauffer la pièce mais elle n’avait pas voulu couper le chauffage de crainte que la « ptiote » ne prenne froid .
L’émotion de recevoir du monde chez elle qui restait d’habitude toute seule jouait sans doute aussi un rôle dans les couleurs du visage d’Emma qui était tourneboulée au point de ne pas prêter attention ni aux mèches s’échappant de son chignon ni au fait que les boutons de sa robe étaient attachés lundi avec mardi .
Gertrude l’aida à se boutonner correctement et lui glissa dans l’oreille de ne pas s’inquiéter, personne d’autre ne le saurait .
Emma se sentait pousser des ailes depuis les évènements de la nuit de la Nativité, des ailes qui ne devaient rien à la religion … elle n’acceptait pas que Gudrun et Gertrude lui disent qu’elle était un ange : un ange ça ne dit pas les choses comme elle les pense et ça Emma ne voulait pas y renoncer .Les après midi à la Mission Italienne perdraient de leur saveur si elle devait tenir sa langue. De toute façon il fallait bien qu’elle aie quelque chose à dire à monsieur le curé quand elle se rendrait à confesse.
Lundi 22 heures
Emma venait de se coucher ; elle était fatiguée par cette journée de fête . Fatiguée mais heureuse . : pour la première fois depuis le départ d’Albert elle n’avait pas été seule pour Noël ;son vaurien de fils l’ignorait depuis que le soir même de la mise en terre elle avait dû lui refuser l’argent du livret d’épargne qu’il réclamait .
Cette petite à côté c’était un petit bonheur pour elle qui n’avait pas eu de petits enfants , une famille de cœur . Ah ça c’est sûr qu’elle avait envie de les gâter un peu
« De toute façon, les sous de la banque je ne partirai pas avec quand ça sera l’heure ! »
Elle aimait bien Gertrude aussi et regrettait qu’à l’été celle-ci doive retourner dans son Allemagne natale .
Elle pensa que si quelque chose n’avait pas changé c’était bien la bêtise humaine et la violence qu’elle engendrait .
Sous son édredon elle écoutait le fauteuil à bascule et s’endormit en faisant revenir l’esprit de la famille Silverstein : le bébé, les fillettes , le père qui bâtissait les costumes et faisait fonctionner la machine à coudre, la mère qui se chargeait des finitions …
La vieille Emma venait d’avoir ses soixante seize ans .Depuis vingt ans qu’elle habitait son 2 pièces au troisième étage elle en avait vu défiler des locataires dans les deux autres logements de son escalier .A vrai dire elle avait toujours vécu là ; simplement du temps de ses parents puis après ,avec son mari et son fils , la famille occupait le rez de chaussée et le premier : sa mère tenait une boutique et elle avait pris la suite ….. pour remailler les bas , faire du repassage , reprendre des vêtements . Pour le repassage et la couture la clientèle venait surtout de la rue de Boigne , de la place Saint –Léger , de la rue Saint –Antoine….des « dames » qui ne risquaient pas de s’abîmer les mains en allant prendre du thé et des gâteaux au « pâtissier galant » sous les arcades mais qui venaient pour faire élargir leurs robes et leurs jupons .
Le rez de chaussée était toujours humide et sombre ,pour y accéder il fallait descendre trois marches . Elles travaillaient sous la lampe car elle ne pouvaient pas se permettre de ne pas faire de la belle ouvrage : petits points serrés , reprises des dentelles qui étaient en elles même des dentelles , repassage des plis –sans faux plis-…..L’hiver malgré le poêle elles avaient toujours l’impression d’avoir froid .
De l’autre côté du passage voûté qui menait à la cours un autre escalier desservait la maison voisine ; les appartements étaient occupés maintenant par des noirs et des chinois qui faisaient une drôle de cuisine . Les odeurs n’étaient pas tous les jours ragoûtantes mais elles avaient au moins l’avantage de masquer les effluves de pipi de chats ….Pour ça il y en avait des chats dans le quartier mais il n’empêche que la nuit elle ne serait pas allée dans la cours parce que les bruits de courses furtives et les piaillements elle ne savait pas trop si c’était les chats ou des rats
Samedi matin avant 9 heures
Emma fermait la porte de son logement en écoutant ce qui se passait chez ses voisins du dessous.
L’immeuble était étroit et aux deux étages inférieurs il n’y avait qu’un appartement dont la porte donnait sur la coursive extérieure desservie par un escalier de bois dont les marches usées glissaient dès qu’il faisait humide. La balustrade rouillée branlait quand elle s’y accrochait mais c’était mieux que rien … elle n’avait plus le pied aussi sûr qu’avant et craignait de tomber
« si je m’étiaffe comme la mémé d’en face et que j’y laisse mon col du fémur je finirais à l’hospice . »
Elle était allée voir la mémé au pavillon Sainte –Hélène et le spectacle l’avait déprimée pour au moins une semaine.
« rien que des vieilles , certaines le cul à l’air sur des chaises percées…. posées devant une télévision qui braille . « Les feux de l’amour » , tu parles comme ça devait l’intéresser la mémé ce truc à l’eau de rose ; heureusement que j’avais des choses à lui raconter :la fatima d’en face qui s’est mis en ménage avec un roumain qui lui fait faire la manche devant le Prisunic , le gros du restaurant qui a dû fermer un mois après le passage de l’inspecteur …y a longtemps que tout le monde sait qu’il y a des blattes dans sa cuisine , le grand noir qui habite au fond de la cours dans l’ancienne remise et qui raconte qu’il est voyant …. ce qu’il voit j’en sait rien mais il a des visites , des pas tristes des fois !
Madame Gozzi ,du second, elle dit que depuis qu’il est là il fait venir des zombis et que c’est eux et pas les rats qu’on entend dans la cour . Elle a beau dire je l’ai vue moi aller au fond de la cour …. elle voulait sûrement un sortilège pour faire revenir le petit blond qui passait la voir pendant que son aînée était à l’école et la petite à la sieste ; elle peut faire sa sainte nitouche celle là tient …et même pas aimable avec ça . Toujours à râler et à médire ! »
Emma s’arrêta sur la coursive du deuxième étage , pris le temps de refixer les peignes en corne qui retenaient ses cheveux sur les côtés ….elle se donnait du temps pour écouter .
La dernière née des Gozzi pleurait tandis que sa mère criait à sa sœur de s’arrêter immédiatement….. Agrippée à la rampe métallique Emma commença à descendre lentement , faisant particulièrement attention à rester sur le bord pour pouvoir poser entièrement le pied ; le milieu des marches était creusé par le passage et leur rebord était incurvé.
« Arrête donc de lui faire peur en racontant que tu entends marcher un fantôme la nuit et qu’il viendra prendre son Doudou si elle ne te laisse pas sa trottinette. C’est toi qu’il va venir chercher si tu ne débarrasses pas immédiatement la table du petit déjeuner …
-mais tu viens de me dire d’arrêter parce que les fantômes ça n’existe pas !
- ne répond pas s’il te plait !
mais non poussin , il n’y a pas de fantôme .Habille toi s’il te plait ! »
« c’est tous les jours la même chose » pensa Emma ; « leur mère ferait mieux de leur mettre une fessée chacune au lieu de crier pour rien . Chez nous il y a belle lurette que la mère aurait décroché le martinet ! »
Encore une marche .. « Dire que c’est elle qui a raconté l’histoire des zombis chez le primeur ; elle ne manque pas d’air …. »
La vieille dame continua sa descente prudente. Pas de bruit derrière la porte de premier étage : « l’allemande est encore couchée » grommela t’elle en continuant à descendre les marches une à une, avec précaution. Rien à dire sur la « Gretchen » ; depuis septembre qu’elle était arrivée Emma n’avait encore rien trouver à redire , cela en devenait louche .
Arrivée dans la rue Emma vérifia que son manteau noir était boutonné correctement et resserra les attaches de la capuche de plastique transparent qui lui couvrait la tête car il pleuviotait .
« Par les temps qui courent plus rien n’est comme avant . Pas de neige pour la Noël depuis je ne sais pas combien d’années et puis tout ce que les gens dépensent pour un jour , même que certains mangent des patates tout le mois de janvier ou même pire achètent à crédit c’est pas normal tout ça . »
Avec sa cane dans une main et son filet à provision dans l’autre elle ne pouvait pas prendre de parapluie. De toute façon les parapluies elle les perdait à peine achetés …c’est comme ses lunettes , elle avait dû mettre des cordons parce que sinon elle était tout le temps à les chercher
« Avec une paire de loin et une paire de près c’est pas étonnant ; je suis toujours à en poser une pour mettre l’autre …. » .
Elle ne voulait pas que son fils l’apprenne , ni ça ni le fait que l’autre dimanche elle était sortie en pantoufles. « pas la peine qu’il sache non plus que j’ai oublié le gaz sous la casserole la semaine dernière »
De toute façon il ne venait presque jamais sauf pour « demander des sous » ; il ne risquait pas de la mettre chez les vieux « parce que ça coûte »
Elle craignait plus que les Gozzi signalent des chose à l’assistante sociale ; pour la casserole ils étaient montés parce que cela sentait le brûlé et l’autre jour comme elle descendait en courses elle les avait bien entendus qui parlaient de la possibilité d’acheter son appartement quand elle serait partie. « Si c’est pour accélérer les choses qu’elle est allée chez le voyant elle va en être pour ses frais . J’ai encore toute ma tête et j’y crains pas moi la sorcellerie d’Afrique ; il peut bien lancer les sorts qu’il veux et faire venir les esprits j’ai toujours ma croix de communiante qui me protège . »
Elle traversa, longea la vitrine du disquaire ….cet individu qui portait une boucle d’oreille que son crâne rasé de près ne cachait pas .Enfin , c’était dimanche et le rideau du magasin était tiré, cachant ces « machins » malhonnêtes qu’il y exposait :
« des statuettes… qu’il appelle ça ; ben il est culotté d’afficher « statuette indienne ; kama sutra . Les statues , les statuettes pour de vrai c’est au musée qu’on les trouve ou à la Métropole ; à la Métropole il y en a même sur la façade et au moins ce sont de vraies statues même si il y en a de vilaines – des gargouilles dit le guide qui emmène les touristes – mises là pour décorer la cathédrale »
Emma pressa le pas en prenant le passage, elle ne voulait pas être en retard pour la petite messe ; elle ne voulait surtout pas qu’une autre prenne SA place . Du prie –dieu placé à côté du premier pilier , vers la porte de la sacristie elle pouvait voir ceux qui étaient là , ceux qui arrivaient en retard ou ceux qui partaient sitôt l’hostie avalée, avant la quête . Elle voulait surtout bien regarder comment les fleurs étaient arrangées et si les allées avaient été balayées correctement .Ce n’était pas sa semaine pour aider mais ce n’était pas une raison pour laisser faire n’importe quoi ; quand les choses n’étaient pas à sa convenance elle restait le temps que le monde sorte puis elle arrangeait à son goût .
Samedi 11 heures
Bien que chargée de son filet rebondi par les pommes et les poires à rissoles qu’elle venait d’acheter au marché, la viande hachée « hallal » qu’elle y achetait aussi et 1/2 tomme, Emma fit le détour par « les éléphants » au lieu de rentrer directement par la place Saint Léger ; elle voulait passer à l’épicerie de la rue d’Italie pour récupérer le pandoro qu’elle avait fait mettre de côté.
En chemin elle s’arrêta plusieurs fois pour échanger quelques mots avec ses anciens voisins , Angeline qui avait été en classe avec elle , à l’école de la rue de la banque , et qui était restée vieille fille …..Pas étonnant, mauvaise comme elle était ! Elle avait aussi rencontré Madame Ambrosi ; elles étaient restées un bon moment à discuter à la sortie de la cathédrale, évoquant
les vieilles et les vieux qui se retrouvaient comme elles à la Mission Italienne , rue Saint Réal .
Elles avaient un peu critiqué …entre ceux qui ne venaient que pour le café et les biscuits proposés à la fin des réunions et qui ne participaient pas à l’organisation du Loto de Janvier (dont la recette permettait de payer les petits goûters. Ils le savaient assez mais quand il fallait donner la main on les voyait rarement) ; de plus la plus part d’entre eux n’étaient arrivés qu’en 46-47 ….
En passant sous les arcades elle avait bien regardé tous ces gâteaux dans la vitrine de la pâtisserie en pensant avec envie qu’ils étaient sûrement commandés par ces familles qui habitaient les beaux appartements rénovés… Sûr que si elle y pensait davantage elle allait se sentir obligée de retourner à confesse !
Samedi 17 heures
Emma venait de terminer la compote à rissoles ; la pâte feuilletée attendait d’être pliée une septième fois. Elle s’assit cinq minutes pour boire un dernier café …
Les petites du second étage étaient sorties avec leurs parents juste avant, sans doute pour aller voir les vitrines et les rues décorées pour Noël.
La vieille dame repensa aux Noëls de son enfance puis à ceux de femme mariée , maman d’un garçonnet turbulent certes mais si mignon avec ses yeux bleus et ses boucles noires ; mi- souriante elle haussa les épaules pour se débarrasser des souvenirs ….
Il avait bien changé son garçon !
Maintenant Emma se préparait une fois de plus à passer les fêtes toute seule , à aller à la messe de 9 heures le soir parce qu’elle n’osait plus rentrer de la Métropole passé minuit .
Elle n’installait même plus la crèche .
Elle se resservit un café : « coupé avec de la chicorée ça ne peut pas me faire mal ». Elle ruminait….. C’était bien fini les veillées de Noël avec les voisins , l’époque des années 50 où en attendant de sortir dans la neige pour aller à la cathédrale les familles se retrouvaient tantôt chez les uns tantôt chez les autres ; les enfants jouaient aux petits chevaux , leurs pères faisaient une belote et les mamans bavardaient … Sa grand-mère assise à côté du poêle disait un chapelet ou continuait son tricot . Vers 11 heures la tisane était servie , un verre de blanc proposé aux hommes puis chacun passait chez lui mettre sa plus belle veste , son beau manteau après avoir emmitouflé ses gamins et les habitants de l’immeuble se retrouvaient dans la rue . Il y avait toujours quelqu’un pour aider la grand-mère et éviter qu’elle ne glisse .
« Les gens sont plus comme avant » pensa t’elle , « avec la télévision c’est chacun chez soi et chacun pour soi » . Emma se dit qu’elle ne risquait pas de demander de l’aide à ses voisins si elle avait un souci .
Quand elle était remontée tout à l’heure elle avait entendu Sainte Nitouche discuter avec son mari …faut dire qu’elle avait besoin de poser ses courses ; elle n’était pas restée là pour écouter mais elle n’avait pas pu s’empêcher d’entendre « Tu devrais monter lui dire à la mémé du dessus de ne pas faire de bruit le matin . Elle tourne et vire dès 5 ou 6 heures , son plancher grince et les filles se mettent à imaginer des fantômes »
Emma avait repris son paquet et continué son ascension . « Elle manque pas de culot ! Se plaindre alors que je fais bien attention à ne pas trop brasser …. C’est quand même pas le balai qui fait du bruit … De toute façon ce qui la dérange c’est qu’une fois ses filles réveillées elle ne peut pas traîner au lit !
Et puis me traiter de mémé, faut pas exagérer , j’ai pas encore atteint les quatre-vingts … »
Elle avait vu de la lumière chez l’allemande du premier en rentrant des courses et des voix jeunes avaient résonné dans l’escalier une partie de l’après –midi, avec des bruits de bouteilles qui s’entrechoquaient ; depuis un bon moment cependant le calme était revenu.
17h30 ! Elle avait dû s’assoupir quelques minutes. C’est le bruit de la machine à coudre des Silverstein qui avait dû la bercer : une belle Singer qui avait fait des envieux dans le quartier quand elle avait été livrée en mai 38 ….mais qu’est ce qu’elle racontait là ? « tu déhottes complètement ma vieille » se dit elle .
Les Silverstein avaient étés emmenés en 43, même que la vieille toupie du dessous, dont le frère s’était engagé volontaire pour le STO, avait dit aux boches que les deux petites étaient en classe. Les parents d’Emma en étaient encore tous retournés quand elle était rentrée de l’école.
Pourtant la machine à coudre continuait de l’autre côté de la cloison dans l’appartement au dessus de la boutique dont la vitrine s’ouvrait rue Dessaix...
« t’es fatiguée » pensa t’elle ; « tu vas finir par croire aux fantômes toi aussi , comme les petites du dessous » .
Emma se mit debout, finit de préparer ses rissoles et enfourna la première plaque … le bruit de la machine à coudre continuait à se faire entendre ; elle crut même un instant entendre pleurer le petit dernier des tailleurs. « Ce n’est pas possible, j’ai dû abuser sur la gnôle dans la compote ; elle m’est montée à la tête pendant que je touillais pour que ça n’accroche pas au fond de la casserole »
Samedi 1 heures
Emma faisait un petit clopet dans son fauteuil recouvert d’une couverture faite avec des carrés de laine récupérée en détricotant des gilets trop usés pour durer encore. Elle s’était déjà préparée pour aller à la messe de minuit : sa robe noire à petites fleurs et le gilet mauve qui allait avec , le chignon bien serré dans la résille retenait les cheveux qu’elle tirait avec des peignes au dessus des oreilles . Pour ne pas risquer de prendre froid elle avait mis par-dessus la robe de chambre en laine des Pyrénées qu’elle avait offerte à son Albert à peine queques mois avant qu’il ne passe …comme elle ne voulait pas la laisser perdre elle l’avait mise de côté avant que l’aide-ménagère vienne l’aider à débarrasser le linge .
Des cris de femmes, les pleurs d’un enfant, des pas précipités dans l’escalier …. La vieille dame se réveilla en sursaut ; la poignée de la porte d’entrée qu’elle avait fermée bougeait ….sans réfléchir elle ouvrit.
Une jeune femme brune se précipita dans la cuisine, un bébé de quelques mois dans les bras, l’allemande à sa suite.
Elles s’appuyèrent contre la porte qu’Emma avait refermé précipitamment derrière elles de façon instinctive .
Des coups sur le bois, au point de faire tomber le plâtre entre chambranle et cloison , des vociférations dans une langue étrangère hurlées par au moins deux hommes, les jeunes femmes pétrifiées , le bébé qui hurlait …. puis plus rien sauf des pas qui redescendaient l’escalier et les voix enragées qui s’éloignaient .
Bercé, le bébé se calmait ; sa mère le mit au sein tandis que Gertrude (désormais ce n’était plus « l’allemande » ) expliquait à Emma que son amie était une jeune fille de famille turque .Elles faisaient ensemble leurs études et avaient quitté Berlin en même temps : l’une officiellement dans le cadre d’un échange entre universités , l’autre en cachette car ,enceinte de son ami , elle avait été condamnée à être tuée par sa famille qui l’avait promise en mariage à un marchand d’Izmir et voulait « laver son honneur ».
Ils avaient retrouvé la trace de Gertrude et étaient venus chez elle où elles se trouvaient toutes deux pour fêter Noël avec des copains ; elles avaient ouvert sans méfiance pensant que c’était ceux-ci qui arrivaient avec un peu d’ avance.
Dimanche 1 heure
Emma pris congé de Gertrude et ses amis ; elle avait manqué la messe de minuit et se moquait de ce que Monsieur le Curé et ses copines pouvaient penser. Le Noël de cette année valait tous les sermons.
Gertrude l’avait invitée à les rejoindre au premier étage où pour ses copains de la faculté et Gudrun son amie elle avait organisé une fête .
Emma avait apporté rissoles et pandoro qui avaient fait plus d’heureux que quand elle les apportait à la Maison Diocésaine. Ils avaient partagé strudels, chocolats, baklawa , vin blanc , chansons , rires …
L’appartement avait bien changé depuis la jeunesse d’Emma ; il y faisait chaud .
La trappe qui permettait de prendre l’escalier de bois descendant à la boutique avait disparu sous un lino jaune . De toute façon la boutique n’existait plus : le local servait à la chaudière .
En cette nuit de Noël la jeune mère et son bébé, Myriam, allaient coucher chez Emma ; pour être en sécurité avaient elles dit mais surtout parce que cela faisait un grand bonheur à la vieille dame.
Le lendemain elles rejoindraient le logement que Gudrun occupait sous un nom d’emprunt :l’appartement des Silverstein, au dessus du restaurant indien de la rue Dessaix.
Le bruit qu’avait entendu Emma n’était pas celui de la machine à coudre mais le va et vient d’un fauteuil à bascule ou Gudrun se balançait en berçant sa fille .
Dire que Gertrude avait choisi cet appartement parce qu’il était possible , en enjambant la balustrade de l’escalier , de rejoindre la terrasse qui reliait la maison de la rue Croix d’or et celle de la rue Dessaix ; Gudrun avait ainsi un moyen de fuir en cas de danger et de rejoindre Gertrude discrètement .
C’était bien pensé mais ni l’une ni l’autre des jeunes femmes n’avaient envisagé la possibilité que pour atteindre Gudrun son frère aîné et son oncle pourraient vouloir s’en prendre à son amie .
Lundi 12 heures
Dans la boîte au lettres de Gertrude un courrier pour Gudrun attendait : sa demande de statut de réfugiée avait été accepté .
Pour l’heure cette dernière attendait son ami à la gare avec la petite Myriam dans la poussette que madame Gozzi lui avait donnée en disant que ce n’était « pas grand-chose … il faut bien s’aider dans la vie », que sa seconde fille allait sur ses trois ans et que cela lui rendait service en permettant de débarrasser le galetas de la layette et du matériel de puériculture qu’elle avait stocké « au cas où …»
Au troisième étage Gertrude aidait Emma à mettre le couvert pour huit personnes ; tous les habitants de la maison se réunissaient autour de Myriam et ses parents pour fêter Noël après le 25 Décembre.
Emma avait les joues rougies par la chaleur régnant dans sa cuisine ; entre la cocotte de fonte où mijotait du lapin et la polenta qui gratinait au four la gazinière aurait suffit à chauffer la pièce mais elle n’avait pas voulu couper le chauffage de crainte que la « ptiote » ne prenne froid .
L’émotion de recevoir du monde chez elle qui restait d’habitude toute seule jouait sans doute aussi un rôle dans les couleurs du visage d’Emma qui était tourneboulée au point de ne pas prêter attention ni aux mèches s’échappant de son chignon ni au fait que les boutons de sa robe étaient attachés lundi avec mardi .
Gertrude l’aida à se boutonner correctement et lui glissa dans l’oreille de ne pas s’inquiéter, personne d’autre ne le saurait .
Emma se sentait pousser des ailes depuis les évènements de la nuit de la Nativité, des ailes qui ne devaient rien à la religion … elle n’acceptait pas que Gudrun et Gertrude lui disent qu’elle était un ange : un ange ça ne dit pas les choses comme elle les pense et ça Emma ne voulait pas y renoncer .Les après midi à la Mission Italienne perdraient de leur saveur si elle devait tenir sa langue. De toute façon il fallait bien qu’elle aie quelque chose à dire à monsieur le curé quand elle se rendrait à confesse.
Lundi 22 heures
Emma venait de se coucher ; elle était fatiguée par cette journée de fête . Fatiguée mais heureuse . : pour la première fois depuis le départ d’Albert elle n’avait pas été seule pour Noël ;son vaurien de fils l’ignorait depuis que le soir même de la mise en terre elle avait dû lui refuser l’argent du livret d’épargne qu’il réclamait .
Cette petite à côté c’était un petit bonheur pour elle qui n’avait pas eu de petits enfants , une famille de cœur . Ah ça c’est sûr qu’elle avait envie de les gâter un peu
« De toute façon, les sous de la banque je ne partirai pas avec quand ça sera l’heure ! »
Elle aimait bien Gertrude aussi et regrettait qu’à l’été celle-ci doive retourner dans son Allemagne natale .
Elle pensa que si quelque chose n’avait pas changé c’était bien la bêtise humaine et la violence qu’elle engendrait .
Sous son édredon elle écoutait le fauteuil à bascule et s’endormit en faisant revenir l’esprit de la famille Silverstein : le bébé, les fillettes , le père qui bâtissait les costumes et faisait fonctionner la machine à coudre, la mère qui se chargeait des finitions …
préparer Noël 2015
Une fois n'est pas coutume , depuis hier c'est fait ; les paquets sont emballés et cachés .
Cachés par ce qu'il y a à la maison une curieuse qui voudrait bien savoir et à la fois avoir la surprise le 24 au soir .
Emballés et cachés aussi pour que je ne sois pas tentée de céder et de leur offrir un petit quelque chose que je remplacerais ensuite avant même le début de la veillée de Noël .
Je me souviens -et je n'ai pas de mal puisque Blandine l'a évoqué il n'y a pas si longtemps - de Noëls de quand ils étaient petits .
Il y en eut un où, de retour de chez les grands parents paternels aux petites heures du matin , j'ai emballé avec les aînés les paquets des cadeaux du matin pour les derniers juste récupérés de "l'écurie " où ils étaient rangés .
La miss semble avoir veillé , cachée dans l'escalier ... ce fut la fin pour elle du Père Noël .
Pour Héloïse le père Noël est une histoire qu'elle a cru longtemps et voulu croire encore plus longtemps car... on ne sais jamais ce qui peut se passer si on n'y croit plus :)
De ces fin de soirées à faire les paquets je me souviens de 2 au moins . David et Luc participaient aux "papiers cadeaux " des scouts et ils avaient le coup de mains : skis et chaussures , planches à repasser et autres encombrants avaient fait partie de leur journée avec des ours en peluche plus ou moins volumineux , des boîtes de chocolats , des livres ou des disques .
Des étendages peuvent même être offerts avec le panier de pinces à linges ... si , j'ai vu !
C'est le côté sympa des cadeaux étonnants , tradition d'une famille que j'ai pu apprécier , sympa car ils sont un clin d'oeil .
Rien à voir avec la centrale vapeur offerte pour un Noël ou une fête des mères à celle qui assure l'intendance de la maison et qui aurait bien voulu un peu de rêve , un cadeau "pour elle" , qui soit choisi dans le but de faire plaisir et pas par ce qu'il est nécessaire pour faire le repassage .
C'est mon opinion mais peut être que certaines femmes se font plaisir avec une centrale vapeur , qu'elles en ont rêvé !
Les cadeaux étonnants ne sont pas forcément utiles ; ce n'est pas leur fonction première . C'est ainsi que j'ai vu déballer un lot de pattes de lapin par celle qui rếvait de fourrure ou un vieux téléphone à touche sans doute retrouvé dans un placard par celui qui avait égaré nombre de portables . Leur fonction est le plaisir de la surprise mijotée , souvent en famille, en plus du "vrai " cadeau de Noël .
Le mot "vrai" ne me convient d'ailleurs pas par ce que l'autre est vrai aussi , une vraie réponse qui sous le sourire dénote une réelle affection .
Je me souviens aussi d'un énorme tracteur pour "bébé Luc " au Noël de ses 2 ans , achat auquel Nounou avait participé ; c'est même elle je crois qui l'avait repéré la première dans un rayon du super marché local .
Un gros tracteur rouge auquel on pouvait accrocher une remorque , inusable et qui a servi au petit frère plus tard quand n°2 a bien voulu le laisser .
Si un jour mes enfants vous avez un petit garçon ne vous étonnez pas si vous trouvez sous l'arbre un gros tracteur rouge ...
Ces Noëls là restent pour moi à la fois de bons souvenirs et des pincements au coeur car impossible d'envisager la venue de ma mère ou un Noël chez nous , un moment qui ne soit pas dévolu à "la grande bouffe" abondante à l'excès et onéreuse ,sans juste mesure .
Il y avait là trop de choses auquelles je n'adhérais pas ; ma mère refusait l'idée de venir peut être par ce qu'elle ne le souhaitait pas , peut être par ce qu'elle savait que je n'avais pas possibilité de faire le choix de la recevoir, peut être par ce qu'elle a toujours cru que cela me convenait -ou même me faisait plaisir- d'aller dans la belle famille pour toutes les fêtes carillonnées (en plus des autres occasions ) ; je crois que pour elle la dernière option était sa vérité et qu'elle s'est engagée à aller travailler au PMU ces jours là par ce qu'il lui était plus facile de me dire à l'avance qu'elle ne serait pas libre plutôt que d'être disponible et d'attendre une invitation qu'elle pensait que je ne voulais pas faire .
Bien des années plus tard ,alors que je peux plus évoquer cela avec elle - car il y a bientôt 20 ans qu'elle est morte- pas plus qu'avec mon père , je me demande encore si il n'y avait rien à voir par ce que je le cachais bien ou si mes parents n'ont rien voulu voir .
Ne croyez pas que les Noëls de ces années là ne sont que de mauvais souvenirs ; les 2 exemples pris plus haut vous montrent bien que non. Ce ne sont pas les seuls : me vient à l'esprit une locomotive -rouge elle aussi - ,
de la dinette et la cuisinière des filles , les premières Barbies que j'ai acheté pour Blandine en choisissant des princesses (et pas des figures de modes , des pimbêches , telle que lui avaient offert mes beaux parents alors qu'elle devait avoir 3 ans ),avec cheval ou voiture pour entretenir le rêve et contrecarrer la vision de ma belle -mère , les poupées avec leur trousseau
(satisfaction de rêves d'enfant comme le tracteur rouge )ou les micro-machines .
Que ce soit pour les Barbies ou pour les micro-machines
j'ai le souvenir d'un camping-car . Rebellion contre cette foutue caravanne , réalisation modèle réduit d'un rêve qui a débouché sur Dumbo ?
A vrai dire je m'en fiche.
Ce dont je me souviens c'est de la recherche de ces cadeaux que je destinais aux enfants (avec la comparaison des Action-man que je ne voulais pas trop guerriers - mais pas au point de leur substituer un Ken de Barbie - avec un côté aventurier associé à la combinaison de plongée ou au parachute mais sans mitraillette
plus celui là ou celui ci (s'il avait existé à l'époque ) que
celui-ci
Je me souviens des boîtes de Lego - y compris les Lego techniques - bateau , avion ...-
et d'un Mécano , d'un chalet en bois
et de Playmobiles ...
Il y eu plus tard pour Blandine la maison Playmobile
Pour Héloïse un zoo (merci Parrain ) , une ferme , des animaux Playmobile , d'autres Lego -plus filles - sont venus à Chambéry completer le contenu des tiroirs .
Je me souviens aussi d'un lecteur de cassettes
d'une toupie ,
de cubes ,
de puzzles ,
de livres d'images
d'une grue et d'engins de chantier,
d'un dinosaure violet ,
d'un tigre en peluche ,
de cassettes vidéo (Père Castor raconte moi une histoire ... mais aussi Barbie Casse Noisette et Raiponce , Heidi ou Les malheurs de Sophie -venues de Versailles -, Bambi et les Aristochats ... )
de jeux pour vos maudites consoles dont je ne voulais pas ,
du Lynx et du Monopoly dont vous faisiez de grandes parties avec Bernard
d'un cheval qui clignotait et faisait de la musique(impossible d'avoir la bête sans la donzelle),
des Duplo ... du fait de choisir avec -souvent- l'idée de vous faire progresser (d'où les jeux éducatifs qui sont rasoirs et ne sortent pas du placard ;j'ai vite compris mais pour les 2 grands j'avais encore toutes mes illusions ) et que sur le plan esthétique cela ne heurte pas pas sensibilité . Honnies donc les figurines des Tortues Ninjà et autres "cochonneries " jusqu'à ce que je cède devant les Barbies et Actions Man par ce que c'était votre plaisir (et aussi pour ne pas laisser aux grands parents paternels l'apanage de vous offrir voitures Batman ou autres objets de vos désirs entretenus par les publicités de la TV et les copains .
Vous n'avez plus l'âge de ces cadeaux finalement assez faciles à trouver ; les désirs d'enfants sont plus faciles à combler que ceux de jeunes adultes dont je ne sais finalement plus grand chose ce d'autant plus que , pour les 3 grands , nous ne partageons plus le quotidien.
Vous écrire tout cela c'est aussi dans ma tête vous offrir un peu de temps et des souvenirs .
Bon Noël à tous les 5
Maman
Cachés par ce qu'il y a à la maison une curieuse qui voudrait bien savoir et à la fois avoir la surprise le 24 au soir .
Emballés et cachés aussi pour que je ne sois pas tentée de céder et de leur offrir un petit quelque chose que je remplacerais ensuite avant même le début de la veillée de Noël .
Je me souviens -et je n'ai pas de mal puisque Blandine l'a évoqué il n'y a pas si longtemps - de Noëls de quand ils étaient petits .
Il y en eut un où, de retour de chez les grands parents paternels aux petites heures du matin , j'ai emballé avec les aînés les paquets des cadeaux du matin pour les derniers juste récupérés de "l'écurie " où ils étaient rangés .
La miss semble avoir veillé , cachée dans l'escalier ... ce fut la fin pour elle du Père Noël .
Pour Héloïse le père Noël est une histoire qu'elle a cru longtemps et voulu croire encore plus longtemps car... on ne sais jamais ce qui peut se passer si on n'y croit plus :)
De ces fin de soirées à faire les paquets je me souviens de 2 au moins . David et Luc participaient aux "papiers cadeaux " des scouts et ils avaient le coup de mains : skis et chaussures , planches à repasser et autres encombrants avaient fait partie de leur journée avec des ours en peluche plus ou moins volumineux , des boîtes de chocolats , des livres ou des disques .
Des étendages peuvent même être offerts avec le panier de pinces à linges ... si , j'ai vu !
C'est le côté sympa des cadeaux étonnants , tradition d'une famille que j'ai pu apprécier , sympa car ils sont un clin d'oeil .
Rien à voir avec la centrale vapeur offerte pour un Noël ou une fête des mères à celle qui assure l'intendance de la maison et qui aurait bien voulu un peu de rêve , un cadeau "pour elle" , qui soit choisi dans le but de faire plaisir et pas par ce qu'il est nécessaire pour faire le repassage .
C'est mon opinion mais peut être que certaines femmes se font plaisir avec une centrale vapeur , qu'elles en ont rêvé !
Les cadeaux étonnants ne sont pas forcément utiles ; ce n'est pas leur fonction première . C'est ainsi que j'ai vu déballer un lot de pattes de lapin par celle qui rếvait de fourrure ou un vieux téléphone à touche sans doute retrouvé dans un placard par celui qui avait égaré nombre de portables . Leur fonction est le plaisir de la surprise mijotée , souvent en famille, en plus du "vrai " cadeau de Noël .
Le mot "vrai" ne me convient d'ailleurs pas par ce que l'autre est vrai aussi , une vraie réponse qui sous le sourire dénote une réelle affection .
Je me souviens aussi d'un énorme tracteur pour "bébé Luc " au Noël de ses 2 ans , achat auquel Nounou avait participé ; c'est même elle je crois qui l'avait repéré la première dans un rayon du super marché local .
Un gros tracteur rouge auquel on pouvait accrocher une remorque , inusable et qui a servi au petit frère plus tard quand n°2 a bien voulu le laisser .
Si un jour mes enfants vous avez un petit garçon ne vous étonnez pas si vous trouvez sous l'arbre un gros tracteur rouge ...
Ces Noëls là restent pour moi à la fois de bons souvenirs et des pincements au coeur car impossible d'envisager la venue de ma mère ou un Noël chez nous , un moment qui ne soit pas dévolu à "la grande bouffe" abondante à l'excès et onéreuse ,sans juste mesure .
Il y avait là trop de choses auquelles je n'adhérais pas ; ma mère refusait l'idée de venir peut être par ce qu'elle ne le souhaitait pas , peut être par ce qu'elle savait que je n'avais pas possibilité de faire le choix de la recevoir, peut être par ce qu'elle a toujours cru que cela me convenait -ou même me faisait plaisir- d'aller dans la belle famille pour toutes les fêtes carillonnées (en plus des autres occasions ) ; je crois que pour elle la dernière option était sa vérité et qu'elle s'est engagée à aller travailler au PMU ces jours là par ce qu'il lui était plus facile de me dire à l'avance qu'elle ne serait pas libre plutôt que d'être disponible et d'attendre une invitation qu'elle pensait que je ne voulais pas faire .
Bien des années plus tard ,alors que je peux plus évoquer cela avec elle - car il y a bientôt 20 ans qu'elle est morte- pas plus qu'avec mon père , je me demande encore si il n'y avait rien à voir par ce que je le cachais bien ou si mes parents n'ont rien voulu voir .
Ne croyez pas que les Noëls de ces années là ne sont que de mauvais souvenirs ; les 2 exemples pris plus haut vous montrent bien que non. Ce ne sont pas les seuls : me vient à l'esprit une locomotive -rouge elle aussi - ,
de la dinette et la cuisinière des filles , les premières Barbies que j'ai acheté pour Blandine en choisissant des princesses (et pas des figures de modes , des pimbêches , telle que lui avaient offert mes beaux parents alors qu'elle devait avoir 3 ans ),avec cheval ou voiture pour entretenir le rêve et contrecarrer la vision de ma belle -mère , les poupées avec leur trousseau
(satisfaction de rêves d'enfant comme le tracteur rouge )ou les micro-machines .
Que ce soit pour les Barbies ou pour les micro-machines
j'ai le souvenir d'un camping-car . Rebellion contre cette foutue caravanne , réalisation modèle réduit d'un rêve qui a débouché sur Dumbo ?
A vrai dire je m'en fiche.
Ce dont je me souviens c'est de la recherche de ces cadeaux que je destinais aux enfants (avec la comparaison des Action-man que je ne voulais pas trop guerriers - mais pas au point de leur substituer un Ken de Barbie - avec un côté aventurier associé à la combinaison de plongée ou au parachute mais sans mitraillette
plus celui là ou celui ci (s'il avait existé à l'époque ) que
celui-ci
Je me souviens des boîtes de Lego - y compris les Lego techniques - bateau , avion ...-
et d'un Mécano , d'un chalet en bois
et de Playmobiles ...
Il y eu plus tard pour Blandine la maison Playmobile
Pour Héloïse un zoo (merci Parrain ) , une ferme , des animaux Playmobile , d'autres Lego -plus filles - sont venus à Chambéry completer le contenu des tiroirs .
Je me souviens aussi d'un lecteur de cassettes
d'une toupie ,
de cubes ,
de puzzles ,
de livres d'images
d'une grue et d'engins de chantier,
d'un dinosaure violet ,
d'un tigre en peluche ,
de cassettes vidéo (Père Castor raconte moi une histoire ... mais aussi Barbie Casse Noisette et Raiponce , Heidi ou Les malheurs de Sophie -venues de Versailles -, Bambi et les Aristochats ... )
de jeux pour vos maudites consoles dont je ne voulais pas ,
du Lynx et du Monopoly dont vous faisiez de grandes parties avec Bernard
d'un cheval qui clignotait et faisait de la musique(impossible d'avoir la bête sans la donzelle),
des Duplo ... du fait de choisir avec -souvent- l'idée de vous faire progresser (d'où les jeux éducatifs qui sont rasoirs et ne sortent pas du placard ;j'ai vite compris mais pour les 2 grands j'avais encore toutes mes illusions ) et que sur le plan esthétique cela ne heurte pas pas sensibilité . Honnies donc les figurines des Tortues Ninjà et autres "cochonneries " jusqu'à ce que je cède devant les Barbies et Actions Man par ce que c'était votre plaisir (et aussi pour ne pas laisser aux grands parents paternels l'apanage de vous offrir voitures Batman ou autres objets de vos désirs entretenus par les publicités de la TV et les copains .
Vous n'avez plus l'âge de ces cadeaux finalement assez faciles à trouver ; les désirs d'enfants sont plus faciles à combler que ceux de jeunes adultes dont je ne sais finalement plus grand chose ce d'autant plus que , pour les 3 grands , nous ne partageons plus le quotidien.
Vous écrire tout cela c'est aussi dans ma tête vous offrir un peu de temps et des souvenirs .
Bon Noël à tous les 5
Maman
lundi 6 janvier 2014
Noel 2013
J'ai eu fait des articles autour de Noël et des rues décorées de Chambéry ; ceux ci sont allés se perdre dans les profondeurs de la Toile
Ils me semblaient, au moment de leurs publications , correspondre à ce que j'éprouvais et à ce qui était vécu du plaisir de se promener et de chiner à la recherche de " la vitrine " , donnant envie de la photo .
De la vitrine ou du personnage animant la rue .
Il y eut ainsi l'année de l'orgue de barbarie et celle du duo de violonistes .
Renouvellé sans être modifiée depuis la fin des années 70 il y a la charette du marchand de marrons chauds devant les " galeries Lafayette" qui sont restées "dames de France " dans ma mémoire , à l'angle de la rue Saint Antoine .
Si le bâtiment du conservatoire m'attire pour les sonorités qui s'en échappent , là c'est l'odeur qui me fait m'approcher ; l'odeur et les souvenirs .
Il y a bientôt trente cinq ans que j'ai fait à Chambéry ma première année de fac dans les bâtiments alors neufs de Jacob .
Rue Marcoz se trouvaient les lettres et la fac de droit me semble t'il et un peu plus loin dans la rue , à hauteur du collège Louise de Savoie , l'école normale .
Il y avait une cité universitaire de taille réduite et un resto' U à Jacob , insuffisants pour accueillir tous les étudiants qui l'auraient souhaité parmi les inscrits par ailleur peu nombreux en comparaison de Grenoble ou Lyon .
Un effectif réduit séducteur pour les parents , une plus grande proximité apparente pour les familles haut savoyardes ... bref , une première étape vers l'envol , la fuite du milieu familial synonyme de prise de liberté .
même si j'ai alors rêvé de points de chute plus éloignés Chambery était un premier pas qui a permis de faire accepter Lyon l'année suivante pour une option ne s'enseignant pas en Savoie .
Le marchand de marrons était déjà là , au même coin de rues , évoquant
pour moi ceux qui vendaient les leurs dans les rues de Genève,
marrons -tentation peu souvent satisfaite dont l'odeur et le goût sont une partie de mes madeleines de Proust
Marrons -tentation que j'achète encore avec l'impression de braver un interdit édicté par ma mère du fond de son urne .
Nombreux étaient les étudiants qui logeaient dans la vieille ville , au dernier étage de maisons donnant sur la Place Saint Léger , les rues ou les traboules . C'était le cas de mon binôme , camarade de fac venant du côté de Frangy .
Moi j'habitais en haut, au rez de chaussée d'un batiment dans la seconde tranche de la ZUP en cours de construction .
C'est avec Christine que j'ai connu le gruyère mangé avec du pain moutardé , les soirées cinéma et celles passées à rédiger des comptes rendus de TP .
Les dessins d'observation de biologie devaient être rendus sur un papier de dessin de grains spécial et de format spécial utilisé uniquement pour cela que je n'ai jamais utilisé ailleurs .
J'y ai appris à faire des coupes minces avec du sureau et une lame de rasoir , lame de rasoir aussi utilisée pour gratter les taches et les erreurs sur les calques de géologie .
Des techniques que j'ai pu réutiliser au lycée avec mes élèves qui , pas plus que nous , n'avaient de Rotring ou de microtome(rasoir)manuel .
Ce materiel là est venu avec le départ à Lyon et la trousse à dissection plus élaborée , la découverte de la cité U qui m'a fait apprécier encore plus le confort de logement de cette première année pour l'espace de ma chambre , le chauffage et la douche non partagée .
Passer ce matin devant un des immeubles où j'avais eu ma chambre m'a fait me souvenir de cette période où j'allais tantôt à pied tantôt en 103 de
Chambéry le haut à Chambéry centre puis du centre à Jacob et retour pour aller en cours et en revenir avec très souvent une pause Place saint Léger .
Les maisons de la vieilles villes sont connues pour communiquer entre elles par des couloirs qui traversent les combles de plusieurs immeubles .
C'est dans ces greniers que se trouvaient la plus part des logements d'étudiants .
Sans doute est ce encore le cas maintenant bien que l'offre en cité U du Crous ait augmenté et que des résidences privées neuves aient été construites .
Les risques liés aux incendies sont mieux prévenus maintenant mais ils subsistent de part le mode de construction (beaucoup de bois ) et l'entrelacs des passages
"les quartiers anciens, d’accès limité pour les véhicules de secours, aux constructions très imbriquées sans stabilité au feu, nécessitent une vigilance particulière."
http://www.chambery.fr/798-securite-incendie.htm
Je n'en avais alors nullement conscience mais ces dernières années la population a été fortement sensibilisée tant par les incendies avec des dégats que nous avons pu voir de la rue que par les exercices grandeur nature et les messages de sensibilisation
Ils me semblaient, au moment de leurs publications , correspondre à ce que j'éprouvais et à ce qui était vécu du plaisir de se promener et de chiner à la recherche de " la vitrine " , donnant envie de la photo .
De la vitrine ou du personnage animant la rue .
Il y eut ainsi l'année de l'orgue de barbarie et celle du duo de violonistes .
Renouvellé sans être modifiée depuis la fin des années 70 il y a la charette du marchand de marrons chauds devant les " galeries Lafayette" qui sont restées "dames de France " dans ma mémoire , à l'angle de la rue Saint Antoine .
Si le bâtiment du conservatoire m'attire pour les sonorités qui s'en échappent , là c'est l'odeur qui me fait m'approcher ; l'odeur et les souvenirs .
Il y a bientôt trente cinq ans que j'ai fait à Chambéry ma première année de fac dans les bâtiments alors neufs de Jacob .
Rue Marcoz se trouvaient les lettres et la fac de droit me semble t'il et un peu plus loin dans la rue , à hauteur du collège Louise de Savoie , l'école normale .
Il y avait une cité universitaire de taille réduite et un resto' U à Jacob , insuffisants pour accueillir tous les étudiants qui l'auraient souhaité parmi les inscrits par ailleur peu nombreux en comparaison de Grenoble ou Lyon .
Évolution démographique
1960 | 1973 | 1979 | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
300 | 1 68419 | 2 53219 |
1986 | 1994 | 2000 | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
4 13920 | 10 400 | 12 10121 |
2012 | - | - | - | - | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|
12 47833 | - |
Un effectif réduit séducteur pour les parents , une plus grande proximité apparente pour les familles haut savoyardes ... bref , une première étape vers l'envol , la fuite du milieu familial synonyme de prise de liberté .
même si j'ai alors rêvé de points de chute plus éloignés Chambery était un premier pas qui a permis de faire accepter Lyon l'année suivante pour une option ne s'enseignant pas en Savoie .
Le marchand de marrons était déjà là , au même coin de rues , évoquant
pour moi ceux qui vendaient les leurs dans les rues de Genève,
marrons -tentation peu souvent satisfaite dont l'odeur et le goût sont une partie de mes madeleines de Proust
Marrons -tentation que j'achète encore avec l'impression de braver un interdit édicté par ma mère du fond de son urne .
Nombreux étaient les étudiants qui logeaient dans la vieille ville , au dernier étage de maisons donnant sur la Place Saint Léger , les rues ou les traboules . C'était le cas de mon binôme , camarade de fac venant du côté de Frangy .
Moi j'habitais en haut, au rez de chaussée d'un batiment dans la seconde tranche de la ZUP en cours de construction .
C'est avec Christine que j'ai connu le gruyère mangé avec du pain moutardé , les soirées cinéma et celles passées à rédiger des comptes rendus de TP .
Les dessins d'observation de biologie devaient être rendus sur un papier de dessin de grains spécial et de format spécial utilisé uniquement pour cela que je n'ai jamais utilisé ailleurs .
J'y ai appris à faire des coupes minces avec du sureau et une lame de rasoir , lame de rasoir aussi utilisée pour gratter les taches et les erreurs sur les calques de géologie .
Des techniques que j'ai pu réutiliser au lycée avec mes élèves qui , pas plus que nous , n'avaient de Rotring ou de microtome(rasoir)manuel .
Ce materiel là est venu avec le départ à Lyon et la trousse à dissection plus élaborée , la découverte de la cité U qui m'a fait apprécier encore plus le confort de logement de cette première année pour l'espace de ma chambre , le chauffage et la douche non partagée .
Passer ce matin devant un des immeubles où j'avais eu ma chambre m'a fait me souvenir de cette période où j'allais tantôt à pied tantôt en 103 de
Chambéry le haut à Chambéry centre puis du centre à Jacob et retour pour aller en cours et en revenir avec très souvent une pause Place saint Léger .
Les maisons de la vieilles villes sont connues pour communiquer entre elles par des couloirs qui traversent les combles de plusieurs immeubles .
C'est dans ces greniers que se trouvaient la plus part des logements d'étudiants .
Sans doute est ce encore le cas maintenant bien que l'offre en cité U du Crous ait augmenté et que des résidences privées neuves aient été construites .
Les risques liés aux incendies sont mieux prévenus maintenant mais ils subsistent de part le mode de construction (beaucoup de bois ) et l'entrelacs des passages
"les quartiers anciens, d’accès limité pour les véhicules de secours, aux constructions très imbriquées sans stabilité au feu, nécessitent une vigilance particulière."
http://www.chambery.fr/798-securite-incendie.htm
Je n'en avais alors nullement conscience mais ces dernières années la population a été fortement sensibilisée tant par les incendies avec des dégats que nous avons pu voir de la rue que par les exercices grandeur nature et les messages de sensibilisation
"
f.... un incendie s’est déclaré au 41, rue d’Italie."
Si le bilan de cet incendie n’est pas plus lourd, c’est pour plusieurs raisons, explique le Capitaine Nicolas Rubod des sapeurs-Pompiers de Chambéry : d’abord il est arrivé en débutde journée, et non en pleine nuit quand tout le monde dort ; ensuite et surtout,
parce que la personne chez qui le feu a pris avait un détecteur de fumée – le même feu
sans détecteur et le bilan humain aurait été beaucoup plus grave – ; enfin, parce quelorsque cette même personne chez qui le feu a démarré est sortie pour aller prévenir ses voisins, elle a pensé à fermer la
porte. Le feu est donc resté dans son appartement, il n’a pas gagné les parties communes et les gens ont pu sortir sans problème. Après, il y a bien sûr eu l’action des
pompiers, de la police... Pour prévenir les
incendies, il faut que les Chambériens prennent conscience qu’ils doivent agir eux-mêmes pour leur propre sécurité,c’est-à-dire avoir chez eux un détecteur incendie et
sensibiliser leur syndic àl’évacuation des caves, des greniers, à la
sécurisation des parties communes...
Tous les secteurs de Chambéry sont exposés
au risque d’incendie
les quartiers anciens, aux constructions très imbriquées et bâties avec des matériaux souvent inflammables, le sont plus particulièrement
http://www.groupe-habiter.com/upload/wysiwyg/missions%20sociales/revue%20de%20presse/incendies-chy-mag89-mai10.pdf
Si j'en crois les chiffres indiqués par la mairie il y aurait environ 8/10 des logements de l'ancien Chambery considérés comme présentant des risques très importants et pouvant potentiellement être dangereux ( ville ancienne , Rue et place d'Italie , Fbg Montmélian , Fbg Reclus , Calamine , Grenette , Fbg Nézin , Quartier Fontaine Saint Martin .
L'an dernier (2012/2013) la période des fêtes de fin d'année m'est pleinement apparue surfaite ; cette année il en fut de même .
Est ce moi , est ce le contexte dans lequel nous vivons avec les remugles des évocations de crise économique et ceux d'une insécurité ?
est ce lié au fait que sur la fratrie il n'y a plus que 2/5 d'enfants qui sont au logis en cette période convenue comme étant celle de retrouvailles familiales , les autres étant distants par les kilomètres ou par indifférence ?
Peut être aussi par ce que j'aurais voulu les faire plus beaux que de coutume ces Noël pour le plaisir de Saïd mon compagnon qui , venu d'Algérie , avait peut être en tête une féerie ne correspondant pas à la réalité .
Si l'an dernier les éclairages et l'animation du marché de Noël m'ont incitée à sortir ce ne fut pas le cas en décembre dernier . Une traversée du marché de Noël mi décembre m'a laissée déçue ; il m'a semblé terne , plus destiné à faire du chiffre d'affaire qu'à faire la fête .
Saïd et les filles sont eux aussi restés sur la réserve , sans allant particulier pour aller promener en ville .
Le froid et l'absence de neige ont peut être aussi joué un rôle dans cette désaffection .
J'ai été marquée par la "ternitude " qui régnait sur la ville .
Oui ,
c'est cela
le clinquant de certaines devantures n'était que clinquant , camelote qui voulait taper dans l'oeil , factice .
Je n'avais pas envie de factice . Mes proches guère plus que moi sans doute .
Et en écho de cette phrase de Saïd le 25 décembre au soir " ce n'est que cela Noël " traduisant la "chute" du mirage dans la réalité viennent ces autres commentaires :" je suis heureux " pour des temps partagés , des traditions perpetuées , des plats spécialement cuisinés , un arbre de Noël à la décoration duquel nous avons tous les 4 mis la main
et le "c'était un beau Noël " de ma dernière fille ce matin dans la voiture vers la gare , le train , l'internat - voiture où le pare brise gelait à l'interieur -.
Oui , ce fut un beau Noël qui a commencé bien avant dans la quête de ce qui allait faire plaisir et la recherche de la recette d'un plat à partager , dans le désir de vouloir faire plaisir ... loin de ces vitrines de magasins de jeux vidéos où un bonhomme chapeauté de rouge semble prêt à dégommer le chaland ;
qui s'est achevé dans un jeu de société à 4 autour de la table , ensemble pour un moment d'après midi , de soirée ;
qui a été une occasion d'offrir l'attendu et l'innatendu, l'esperé et la surprise , préparé et emballé en cachette .
Noël il y a 35 ans n'était ni plus ni moins que cela , un moment tranquillement partagé autour de la table de ma grand-mère qui avait eu à coeur de cuisiner pour nous faire plaisir .
Les rissoles sont toujours d'actualité et être ensemble a du sens : celui d'être à l'écoute de l'autre , de passer du temps les uns avec les autres .
J'en ai fini depuis près de dix ans de cette débauche de tape à l'oeil et de bouffe chez mes ex-beau-parents où être juxtaposés remplaçait l'être ensemble sauf exceptions .
Noël est déconnecté de son sens religieux , mémoire de la venue de Jésus sur Terre ; ce n'est depuis bien avant ma naissance qu'une tradition perpétuée en terre chrétienne pour une réunion de famille .
La famille nucléaire remplace la famille élargie ; elle peut être monoparentale ou recomposée C'est important pour moi de prendre le temps d'être en famille , de l'agrandir aux amis pour des moments partagés simplement , sans artifices , en posant les uns sur les autres un regard bienveillant .
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