lundi 4 janvier 2016

mi-novembre 2015 Grenoble , Chambery

Hier  nous sommes allées à Grenoble  pour les rencontres  Montagnes et sciences .
Elles ont été maintenues  malgré les évenements de Paris et cela m'a semblé  une bonne décision ; voilà ce qui a été écrit sur leur page facebook :
 "Nous souhaitons de notre côté maintenir les Rencontres Montagnes et Sciences, dans cette actualité dramatique, persuadés que le partage de la connaissance et la curiosité pour l'inconnu sont au fondement du vivre ensemble."


 Je ne peux qu'être  en accord avec cela  tout comme je l'ai été avec le discours du colonel Lancrenon (13e BCA)  au matin du 11 novembre  place du palais de justice à Chambéry :
 « il nous appartient, plus que jamais aujourd’hui dans un monde de tension, d’assumer le devoir de Mémoire, pas dans un sens morbide, mais bien pour mettre à l’honneur la paix. ....».

Pour vivre ensemble  connaître  l'autre est indispensable  car le connaître permet  de respecter ses différences  et  de se rendre compte de tous nos points communs .
 Marianne Chaud  l'a explicitement dit dans le film qui nous a été présenté samedi au Palais des sports , la nuit nomade .
Celui ci m'a enchantée ,  plus que  Lost worlds qui m'a beaucoup plu aussi  et qui a enthousiasmé mes filles ; aventurier ... de quoi les faires rêver !
L'intervention deEvrard Wendenbaum l'aventurier passionnant et visiblement passionné   a pointé du doigt la nécessité de protéger  et les zones  menacées et les petits territoires encore  non exploités (abusivement) par et pour les  humains.
Je  n'ose pas parler de territoires indemnes sur lesquelles   les activités  humaines  n'auraient pas eu d'impact ; l'interview de Claude Lorius  qui nous a été projetée  est explicite à ce sujet : depuis la révolution industrielle  les activités  humaines modifient  l'atmosphère terrestre  de façon de plus en plus importante .
Les modifications climatiques  engendrent des migrations  humaines  s'expliquant en partie par la pénurie en eau  qui en découle.Les  zones  géographiques les plus touchées sont aussi  celles où des conflits couvent ou sont déclarés  en Afrique , au Moyen Orient..., ceux ci se doublant parfois de famines




 Les conflits au Moyen Orient ... un "chemin" pour  revenir sur les attentats de Paris(et aussi ceux de Beyrouth) ; ce serait  , à mon avis , trop facile d'y trouver une  justification  à ces actes de terrorisme commis par des abrutis  endoctrinés par des mégalomanes  qui  utilisent  une religion pour servir leurs intérêts.
C'est cette fois l'Islam  qui est instrumentalisé  mais  le catholiscisme  a aussi été utilisé  à des fins  ne correspondant pas à l'esprit  des évangiles.
Tous les musulmans  ne cautionnent pas ce qui s'est passé , loin de là, et j'ai trouvé sur le net des écrits  qui le disent explicitement :

[...]Je suis peut-être fou, mais je vais le dire et je m’en fous : si je dois me retrouver avec tous ces imbéciles, tous ces nuls, tous ces assassins qui tuent, de sang froid, des êtres humains comme eux, mais qui ont eu la malchance de ne pas être comme eux, des « musulmans », de « vrais musulmans » comme ils disent, et bien, je ne veux pas de ce paradis ! Que toutes ces canailles et tous leurs fans y aillent, qu’ils remplissent leurs entrailles de toutes ces victuailles qu’on leur promet et qu’ils jouissent, eux et tous leurs semblables, de toutes les vierges et de tous les éphèbes jusqu’à satiété toute l’éternité.
Je suis peut-être fou, mais je vais le dire et je m’en fous : je préfère aimer un peu, beaucoup, à la folie mon prochain et ma prochaine, même s’il est ou si elle est loin de moi, loin de mon pays, loin de ma culture, loin de la religion qu’on a choisie pour moi, et s’il faut pour cela, aller en enfer, j’irai, le cœur gai et l’âme tranquille. Je préfère brûler, griller, embraser et ressusciter un millier, un million, un milliard de fois, pour à nouveau m’enflammer, cramer jusqu’à me carboniser aux côtés de gens étrangers joyeux et intelligents, que de boire le plus petit verre de vin béni de l’éden ou me taper une nana perpétuellement pucelle.
Je suis peut-être fou, mais je vais le dire et je m’en fous : je hais tous ces « musulmans » haineux, ces monstres qui tuent au nom d’Allah, et tous ces « musulmans » qui les soutiennent, qui sympathisent avec eux et qui trouvent des excuses à tous leurs actes barbares  [....]



Il y a  des imams aussi  qui  ont exprimé leur désaveu
http://www.saphirnews.com/Attaques-terroristes-a-Paris-les-reactions-fermes-des-organisations-musulmanes_a21534.html
 et même des institutions  telles el Azhar
"L’Azhar condamne les attaques terroristes qui ont visé Paris
L’Azhar condamne fortement les attaques terroristes et la prise en otage à Paris qui ont tué et blessé plus de cent personnes tout en soulignant que les mains de bassesse et de terrorisme se sont débarrassées du moindre sens d'humanité en versant du sang et en assassinant les innocents.
Ce danger haïssable ne cessera de commettre ses crimes atroces contre les civils tant que la communauté internationale ne conjugue pas ses efforts pour y faire face.
[...] "
Certains  ne s'expriment pas de façon publique , ils n'en pensent pas moins et sont affectés par ce qui s'est passé simplement  par l'horreur des actes  non obstant le fait  d'être possiblement touché par la perte d'un proche  ou par ce qu'ils ont connu l'enfer fabriqué par ces religieux  intégristes et fanatiques  en Algérie ou ailleurs ; simplement par ce que  l'idéologie sous-jacente nie l'humain, le réduit  à un moyen pour satisfaire un ego perturbé.
Mais il y a , j'en suis sûre, un certain nombre d'individus en France qui sont  ne sont pas opposés  ou même qui cautionnent ces actions.
C'est cela qui est effrayant
 et cette peur leur donne un pouvoir .
 Il y a eu hier à Grenoble , à  16h30 , une minute de silence pour les victimes et une minute d'applaudissement pour les forces de l'ordre et les sauveteurs .
 A mon grand regret  je n'y ai pas  vu de femme portant le foulard  )ou davantage voilée)  ni d'homme en  kamis. Puis-je croire que c'est simplement par crainte d'être pris à partie  ou est ce significatif -au mieux- d'une indifférence ?
J'aurai aimé que certains de ces musulmans influencés par les mouvances salafistes  affichent leur solidarité avec les autres habitants de notre pays , leur désaveu des exactions  terroristes.

  A Chambéry le haut ce matin ,sur le marché , une association musulmane portant le nom de dine al haqq distribuait des prospectus  sur ce qu'est l'Islam  pour eux; ils ont refourgué leurs documents à un maximum de personnes , y compris à ceux qui pourtant étaient visiblement  maghrébins  donc officiellement musulmans... pas  assez "musulmans" sans doute à leurs yeux.
 J'espérais autre chose .
 Je crains que demain certains élèves refusent de respecter  une minute de silence à midi  ainsi que d'autres l'ont fait après  l'attentat copntre Charlie Hebdo.
 Le devoir de mémoire pour  ne pas que soit oubliée la nécessité de lutter  contre  les idéologies totalitaristes  et leurs adeptes  est plus que jamais d'actualité.


 http://www.cms.fss.ulaval.ca/recherche/upload/hei/fichiers/bulletin48.pdf
 http://www.matthieuthery.com/energy/water-crisis/?lang=fr
 http://www.scienceshumaines.com/geopolitique-de-l-eau_fr_24012.html


mi-novembre 2015 Paris

 Vendredi soir -13 novembre - : Paris a été la cible d'attaques terroristes revendiquées par Daech .
 Je n'ai appris que samedi matin  l'ampleur de la déflagration ; par l' appel téléphonique d'un de mes fils  : "nous  n'avons rien " .
A vrai dire  même si j'avais su  je ne me serais sans doute pas inquietée :
Chilly-Mazarin  n'est pas vraiment Paris  et  les jeunes gens  ne sortent pas le vendredi soir .... J'ai donc pris une claque en entendant "c'est le quartier où on va souvent ... on a hésité et finallement on a regardé le match ".
Les catastrophes ne concernent pas que les autres  et c'est un moment comme celui ci qui me l'a violemment rappelé .
 Chez nous  pas de souci  mais combien de familles, d'amis , de copains dans la peine et/ou l'angoisse  d'avoir un ou plusieurs proches  tués , blessés ou choqués  par ce qui est arrivé à côté d'eux .
Un cousin des enfants a écrit :"j'ai eu peur ; plus de peur que de mal . Je suis rentré en traversant la moitié de Paris à pied " . Il aurait pu  ne pas pouvoir écrire cela .
 J'ai eu peur , retrospectivement ; à l'idée de ce qui aurait pu arriver . Et comme  je ne savais pas le risque potentiel  au moment des faits  j'ai pu prendre  cela avec  la distance de la reflexion .
 Je  n'imagine que trop bien  ce qui a pu se passer dans la tête des parents , du compagnon ou de la compagne , des amis, qui savaient  que celui ou celle qu'ils n'arrivaient pas à joindre devait se rendre  dans ce quartier là .
L'angoisse  du silence , de l'absence d'informations , des appels téléphoniques  à ceux qui -peut être - sauraient que tout allait  bien , que le téléphone n'avait simplement plus de  batterie.
 Cela doit ressembler à l'attente  de l'arrivée de celui ou celle qui a pris la route et devrait être là depuis 14 heure , 2 heures .... 4heures , 4heures 30 .... et qui n'est pas là , n'a pas téléphoné pour dire qu'il dormait en route ou qu'il était resté plus tard que prévu chez un copain.
 De l'attente  d'un appel on passe à la crainte de l'appel  des services de police .
 Hier soir , 24heures après les faits  beaucoup de victimes n'étaient toujours pas identifiées .
 J'aurai pu être  un parent  en face du silence .
 J'aurais peut être aussi être durant une partie de la journée un parent insouciant par ce que ...Chilly Mazarin  n'est pas Paris  et que l'on ne se téléphone pas tous les jours .Le reste de la fratrie m'aurait sans doute vite fait atterrir :
"Pour toute la famille et Les amis a Paris, j Espere que vous etes en securite.
Est ce que quelqu'un sais si la famille est safe?"
Que ce soit de Grenoble ou d'Australie  ils ont réagi; je ne serais pas restée longtemps insouciante .
 J'ai failli  l'être .

d'une vieille histoire et d'aujourd'hui


Elle se réveille le coeur en tachycardie . Cette vieille histoire et surtout la façon dont elle a été modifiée et utilisée lui pourrit la vie par moments depuis qu'elle a retrouvé dans le dossier de divorce le témoignage de son ex-belle soeur .
Elle n'en a pris connaissance que l'année dernière en cherchant des documents se trouvant dans le dossier pour une autre procédure lancée par celui qui a été son mari .
Depuis elle en en a rêvé , cauchemardé, et y repense par à-coups avec à chaque fois de la honte et de la peur à l'idée que cela soit su et puisse être évoqué à son encontre .
Elle a honte et de ce qu'elle a fait impulsivement en réaction et de s'être laissée manipulée sans rien y voir , de sa naïveté -pour ne pas dire sa niaiserie- qui lui apparaît avec le recul;elle n'est pour autant pas sûre que si les faits se produisaient maintenant elle serait plus méfiante.

Tout a commencé par la perte de ses clés sur le parking une fin d'après midi d'hiver . Elle ne s'en est aperçu qu'au moment de rentrer chez elle après avoir été manger chez les parents d' une copine .
Elle a pensé alors les avoir perdu .
Avec ses clés était accroché un petit bonhomme en métal auquel elle tenait énormément car c'était un cadeau de son père, un Jacquemard fabriqué à l'occasion de la cinquantième fête des musiques du Faucigny.
Elle a alors récupéré le trousseau de secours déposé chez une voisine.
Le copain de la copine est venu changer le verrou mais celui qu'il a posé n'avait qu'une seule clé ...enfin c'est ce qu'il lui a dit.
Elle est partie quelques jours et à son retour il lui a semblé que des choses avaient été déplacées dans le logement. Bêtises car la porte était bien fermée .
Quelques nuits plus tard les appels téléphoniques anonymes ont commencé ; silence ou respiration bruyante dans l'appareil lorsqu'elle décrochait ,musique parfois .
Elle en a parlé autour d'elle et la copine au verrou lui a dit que cela lui arrivait aussi , qu'elle avait pu savoir quel était le numéro de son correspondant en utilisant un appareil que son copain avait ramené d'Amérique et qu'elle avait rappelé en faisant la même chose , que cela s'était arrêté .
Elle a bien sûr accepté que le test soit fait chez elle après quelques semaines ponctuées d'appels nocturnes .
Plusieurs fois en rentrant elle a trouvé le verrou fermé à double tour alors qu'elle pensait n'avoir pas plus que les autres jours donné un tour de clé ; parfois même la serrure de la porte était fermée alors qu'elle n'avait pas souvenir de l'avoir fait et que d'habitude elle se contentait de tirer la porte .
Ce qu'elle toujours d'ailleurs .
Elle n'a jamais verrouillé sa porte même quand elle avait une poignée permettant d'ouvrir de l'extérieur .
Il lui est arrivé d'autres fois d'avoir une impression d'étrangeté en rentrant chez elle , le ressenti d'une bizarreté comme une présence qui viendrait de s'évanouir .
La copine lui a inscrit le numéro sur un papier , elle a fini par l'utiliser 5 ou 6 fois en réponse, en représailles , suite à ces sonneries au milieu de la nuit qui la réveillaient et l'angoissait .
En mettant des chansons en fond sonore .
Elle ne s'est alors pas interrogée sur la fameuse machine , n'a pas douté de la parole de la copine .
Il n'y a plus eu de sonneries nocturnes mais plusieurs fois encore elle a eu l'impression que quelqu'un était entré chez elle en son absence .
Cela l'angoissait .
Elle s'est alors attachée à fermer la porte à clef quand elle sortait .
Elle tirait même le verrou quand elle rentrait , effrayée à l'idée que quelqu'un pourrait entrer .
Quelques jours ont passé , elle s'est trouvé ridicule : même si quelqu'un avait trouvé ses clés comment aurait il pu savoir à qui elles appartenaient ?
Elle s'est rassurée , s'est tournée en dérision quand elle se prenait à vérifier en rentrant si il n'y avait personne dans la douche , uniquement par ce qu'elle avait l'impression d'une odeur , d'un air différent en passant la porte .
Quand elle a parlé autour d'elle de ce qui se passait elle a été moquée ...à raison a t'elle pensé ; les fantômes n'existent pas et nul être de chair ne peut passer à travers une porte fermée .Son imagination lui jouait des tours

Un jour en prenant le courrier juste avant de partir travailler elle a trouvé son Jacquemard dans la boîte aux lettres ; elle a été prise de panique .
Elle était terrorisée et n'avait pas la tête à ce qu'elle devait faire .
L'impression que son logement était visité quand elle n'y était pas correspondait peut être à la réalité . Quelqu'un qui la connaissait avait ses clés , venait sans doute quand elle était absente, pouvait pénétrer dans le logement n'importe quand... Elle a passé plusieurs nuits inquiètes , cherchant à identifier les bruits .
Fermer systématiquement le verrou en sortant était la solution : celui ou celle qui avait récupéré le trousseau et ne le lui avait pas rendu ne pouvait posséder la clé du verrou .
Elle a fini par se moquer de la folie de ses pensées quand elle se prenait à suspecter que quelqu'un était passé chez elle par ce qu'elle ne trouvait pas tel ou tel objet là où elle pensait l'avoir posé ; il n'était jamais bien loin , juste quelques centimètres à côté . Si la paire de ciseaux n'était pas dans la boîte à crayon mais sur le bureau cela ne pouvait être que par ce qu'elle ne l'avait pas rangée .Elle n'avait pourtant pas le souvenir de s'en être servie .
Une inquiétude sourde l'a accompagnée plusieurs jours puis , puisqu'il n'arrivait rien , elle s'est tranquillisée.
Elle a alors accepté un travail d'été qui l'obligeait à dormir sur place. Elle partait tôt le lundi et revenait le samedi .
Il y a bien eu un jour où ,elle a eu la certitude que quelqu'un était passé : la porte fenêtre était entrebâillée. Ce n'était pas possible pourtant .
La porte était toujours verrouillée quand elle est rentrée . Au dernier moment , en retard pour partir le lundi matin elle a dû oublier de fermer la fenêtre . Cela n'avait eu aucune importance : les volets étaient tirés et , de toute façon , elle habitait au quatrième étage.


Elle ne pensait plus à tout cela quand elle est retournée en cours . Elle a donc été surprise par la convocation d'un professeur . La copine à la boîte magique était déjà dans le bureau quand elle y est entrée .
La réprimande l'a prise de court ; elle s'est vu accusée d'appels anonymes chez ce professeur y compris pendant les vacances .Elle a essayé d'expliquer ce qui était arrivé , de dire qu'elle n'avait pas été chez elle tout l'été ;la honte de ce qui lui était reproché était si grande que cela lui a été impossible .
Elle n'a pas compris ce qui s'était passé.
En y repensant 25 ans plus tard cela lui noue encore l'estomac .

Elle a réfléchi ensuite à ce qui s'était passé sans jamais comprendre le pourquoi de tout cela . Son trousseau n'avait jamais été égaré et le nouveau verrou avait sans doute été vendu -comme c'est l'usage -avec 2 clés. Quelqu'un , la copine de l'époque sans doute , avait manigancé tout cela pour utiliser le téléphone de façon tordue .
On lui a dit une fois que la donzelle en question avait dragué le professeur et qu'il l'avait repoussée, qu'elle était jalouse de ce qu'il m'ait proposé d'encadrer les travaux pratiques du premier cycle pour compléter ma bourse .
Est-ce une explication plausible ?

Elle ne comprend toujours pas que cela ait pu engendrer un tel comportement .
Pas plus qu'elle ne comprend l'intérêt qu'il peut y avoir eu à évoquer cette vieille histoire dans un divorce , l'intérêt qu'il peut y avoir à salir quelqu'un dans une affaire qui ne nous concerne pas .Elle ne comprend pas cette volonté de blesser , de nuire , qui va jusqu'à présenter de telles allégations.
Elle se heurte toujours à ces affirmations mensongères , dégradantes , qui la poursuivent à travers des dossiers où il n'y a pas de faits avérés mais tant de déclarations emphatiques qui veulent la montrer coupable et vont jusqu'à nier les éléments dont elle donne la preuve .
Elle a peur que ses enfants la jugent comme mauvaise au vu des dires présentés comme des vérités , réitérés dans chaque procédure par la partie adverse alors même que l'objet de celles ci n'est plus le divorce comme s'il était important de continuer à maintenir une emprise par des accusations et des qualificatifs insultants qui se retrouvent écrits dans les minutes de ces jugements qu'elle doit présenter chaque fois qu'une administration le demande , dont elle ne peut donc se débarrasser .
Elle a peur de regard des autres au cas où ils liraient le document .
Elle se sent salie à chaque fois qu'elle doit en faire état .
Elle sait que c'était maintenir la violence de la relation à travers les années par le biais de l'inscription sur des documents officiels .
L'utilisation de cette vieille histoire de manipulation présentée de façon tronquée c'est continuer à vouloir manipuler.Et tant d'année plus tard cela reste toxique .
Alors elle a tenu à expliquer comment elle a vécu les choses , à se justifier , comme si elle était coupable de ça et du reste de ce dont elle a été accusée .
Elle espère qu'écrire les choses va l'aider à leur redonner leurs justes importances .

samedi 12 décembre 2015

Emma et les esprits de Noel

                      Emma et les esprits de Noël



La vieille Emma venait d’avoir ses  soixante seize ans .Depuis vingt ans qu’elle habitait son 2 pièces au troisième étage elle en avait vu défiler des locataires dans les deux autres logements de son escalier .A vrai dire elle avait toujours vécu là ; simplement  du temps de ses parents puis après ,avec son mari et son fils , la famille occupait le rez de chaussée et le premier : sa mère tenait une boutique et elle avait pris la suite ….. pour remailler les bas , faire du repassage , reprendre des vêtements . Pour le repassage et la couture la clientèle venait surtout de la rue de Boigne , de la place Saint –Léger , de la rue Saint –Antoine….des « dames » qui ne  risquaient pas  de s’abîmer les mains en allant prendre  du thé et des gâteaux  au « pâtissier galant » sous les arcades mais qui venaient pour faire élargir leurs robes et leurs jupons .
Le rez de chaussée était toujours humide et sombre ,pour y accéder il fallait descendre trois marches . Elles travaillaient sous la lampe car elle ne pouvaient pas se permettre de ne pas faire de la belle ouvrage : petits points serrés , reprises  des dentelles qui étaient en elles même des dentelles , repassage des plis –sans faux plis-…..L’hiver malgré le poêle elles avaient toujours l’impression  d’avoir froid .
De l’autre côté du passage voûté qui menait à la cours un autre escalier desservait la maison voisine ; les appartements étaient occupés maintenant par des noirs et des chinois qui faisaient une drôle de cuisine . Les odeurs n’étaient pas tous les jours ragoûtantes mais elles avaient au moins l’avantage de masquer les effluves de pipi de chats  ….Pour ça il y en avait des chats dans le quartier mais il n’empêche que la nuit elle ne serait pas allée dans la cours parce que les bruits de courses furtives et les piaillements elle ne savait pas trop si c’était les chats ou des rats

Samedi matin avant 9 heures

Emma fermait la  porte de son logement en écoutant ce qui se passait chez ses voisins du dessous.
 L’immeuble était étroit et aux deux étages inférieurs il n’y avait qu’un appartement   dont la porte donnait sur la coursive extérieure  desservie par un escalier de bois dont les marches usées glissaient dès qu’il faisait humide. La balustrade rouillée branlait quand elle s’y accrochait mais c’était mieux que rien … elle n’avait plus le pied aussi sûr qu’avant et craignait de tomber 
« si je m’étiaffe comme la mémé d’en face et que j’y laisse mon col du fémur je finirais à l’hospice . »
Elle était allée  voir la mémé au pavillon Sainte –Hélène et le spectacle l’avait déprimée pour au moins une semaine.
 « rien que des vieilles , certaines le cul à l’air sur des chaises percées…. posées devant une télévision qui braille . « Les  feux de l’amour » , tu parles comme ça devait l’intéresser la mémé ce truc à l’eau de rose ; heureusement que j’avais des choses à lui raconter :la fatima d’en face qui s’est mis en ménage avec un  roumain qui lui fait faire la manche devant le Prisunic , le gros du restaurant qui a dû fermer un mois après le passage de l’inspecteur …y a longtemps que tout le monde  sait qu’il y a des blattes dans sa cuisine , le grand noir qui habite au fond de la cours dans l’ancienne remise et qui raconte qu’il est voyant …. ce qu’il voit j’en sait rien mais il a des visites , des pas tristes des fois !
Madame Gozzi ,du second, elle dit que depuis qu’il est là il fait venir des zombis et que c’est eux et pas les rats qu’on entend dans la cour . Elle a beau dire je l’ai vue moi aller au fond de la cour …. elle voulait sûrement un sortilège pour faire revenir le petit blond qui passait la voir pendant que son aînée était à l’école et la petite à la sieste ; elle peut faire sa sainte nitouche celle là tient …et même pas aimable avec ça . Toujours à râler et à médire ! »

Emma s’arrêta sur la coursive du deuxième étage , pris le temps de refixer les peignes en corne qui retenaient ses cheveux sur les côtés ….elle se donnait du temps pour écouter .
La dernière née des Gozzi pleurait  tandis que sa mère criait à sa sœur de s’arrêter immédiatement….. Agrippée à la rampe métallique Emma commença à descendre lentement , faisant particulièrement attention à rester sur le bord pour pouvoir poser entièrement le pied ; le milieu des marches était creusé par le passage et leur rebord était incurvé.
« Arrête donc de lui faire peur en racontant que tu entends marcher un fantôme la nuit  et qu’il viendra prendre son Doudou si elle ne te laisse pas sa trottinette. C’est toi qu’il va venir chercher si tu ne débarrasses pas immédiatement la table du petit déjeuner …
-mais tu viens de me dire d’arrêter parce que les fantômes ça n’existe pas !
- ne répond pas s’il te plait !
  mais non  poussin , il n’y a pas de fantôme .Habille toi s’il te plait ! »

« c’est tous les jours la même chose »  pensa Emma ;  « leur mère ferait mieux de leur mettre une fessée chacune au lieu de crier pour rien . Chez nous il y a belle lurette que la mère aurait décroché le martinet ! »
 Encore une marche .. «  Dire que c’est elle qui a raconté l’histoire des zombis chez le primeur ; elle ne manque pas d’air …. »

La vieille dame continua sa descente prudente. Pas de bruit derrière la porte de premier étage : « l’allemande  est encore couchée » grommela t’elle en continuant à descendre les marches une à une, avec précaution. Rien à dire sur la «  Gretchen » ; depuis septembre qu’elle était arrivée Emma n’avait encore rien trouver à redire , cela en devenait louche .

Arrivée dans la rue  Emma vérifia que son manteau noir était boutonné correctement et resserra les attaches de la capuche de plastique transparent qui lui couvrait la tête car il pleuviotait .
« Par les temps qui courent plus rien n’est comme avant  . Pas de neige pour la Noël  depuis je ne sais pas combien d’années  et puis tout ce que les gens dépensent pour un jour , même que certains mangent des patates tout le mois de janvier ou même pire achètent à crédit c’est pas normal tout ça . »
 Avec sa cane dans une main et son filet à provision dans l’autre elle ne pouvait pas prendre de parapluie. De toute façon les parapluies elle les perdait à peine achetés …c’est comme ses lunettes , elle avait dû mettre des cordons parce que sinon elle était tout le temps à les chercher
  « Avec une paire de loin et une paire de près c’est pas étonnant ; je suis toujours à en poser une pour mettre l’autre …. » .

Elle ne voulait pas que son fils l’apprenne , ni ça ni le fait que l’autre dimanche elle était sortie en pantoufles.  « pas la peine qu’il sache non plus que j’ai oublié le gaz sous la casserole la semaine dernière »
 De toute façon il ne venait presque jamais sauf pour « demander des sous » ; il ne risquait pas de la mettre chez les vieux « parce que ça coûte »

Elle craignait plus que les Gozzi signalent des chose à l’assistante sociale ; pour la casserole ils étaient montés parce que cela sentait le brûlé et l’autre jour comme elle descendait en courses elle les avait bien entendus qui parlaient de la possibilité d’acheter son appartement quand elle serait partie. «  Si c’est pour accélérer les choses qu’elle est allée chez le voyant elle va en être pour ses frais . J’ai encore toute ma tête et j’y crains pas moi la sorcellerie d’Afrique ; il peut bien lancer les sorts qu’il veux et faire venir les esprits  j’ai toujours ma croix de communiante qui me protège . »
Elle traversa, longea la vitrine du disquaire ….cet individu qui portait une boucle d’oreille que son crâne rasé de près ne cachait pas .Enfin , c’était dimanche  et le rideau du magasin était tiré, cachant ces « machins »  malhonnêtes qu’il y exposait :
 « des statuettes… qu’il appelle ça ; ben il est culotté d’afficher « statuette indienne ; kama sutra . Les statues , les statuettes pour de vrai c’est au musée qu’on les trouve  ou à la Métropole ; à la Métropole il y en a même sur la façade  et au moins ce sont de vraies statues même si il y en a de vilaines – des gargouilles dit le guide qui emmène les touristes – mises là pour décorer la cathédrale »
Emma pressa le pas en prenant le passage, elle ne voulait pas être en retard pour la petite messe ; elle ne voulait surtout pas qu’une autre prenne SA place . Du prie –dieu placé à côté du premier pilier , vers la porte de la sacristie elle pouvait voir ceux qui étaient là , ceux qui arrivaient en retard ou ceux qui partaient sitôt l’hostie avalée, avant la quête . Elle voulait surtout bien regarder comment les fleurs étaient arrangées et si les allées avaient été balayées correctement .Ce n’était pas sa semaine pour aider mais ce n’était pas une raison pour laisser faire n’importe quoi ; quand les choses n’étaient pas à sa convenance elle restait le temps que le monde sorte puis elle arrangeait à son goût .

Samedi 11 heures

 Bien que chargée de son filet rebondi par les pommes et les poires à rissoles qu’elle venait d’acheter au marché, la viande hachée « hallal » qu’elle y achetait aussi et 1/2 tomme, Emma fit le détour par « les éléphants » au lieu de rentrer directement par la place Saint Léger ; elle voulait passer à l’épicerie de la rue d’Italie pour récupérer le pandoro qu’elle avait fait mettre de côté.
En chemin elle s’arrêta plusieurs fois pour échanger quelques mots avec ses anciens voisins , Angeline qui avait été en classe avec elle , à l’école de la rue de la banque , et qui était restée vieille fille …..Pas étonnant, mauvaise comme elle était ! Elle avait aussi rencontré Madame Ambrosi ; elles étaient restées un bon moment à discuter à la sortie de la cathédrale, évoquant
les vieilles et les vieux qui  se retrouvaient comme elles à la Mission  Italienne , rue Saint Réal .
 Elles avaient un peu critiqué …entre ceux qui ne venaient que pour le café et les biscuits proposés à la fin des réunions  et qui ne participaient pas à l’organisation du Loto de Janvier  (dont la recette permettait de payer les petits goûters. Ils le savaient assez mais quand il fallait donner la main on les voyait rarement) ; de plus la plus part d’entre eux n’étaient arrivés qu’en 46-47 ….
En passant sous les arcades elle avait bien regardé  tous ces gâteaux dans la vitrine de la pâtisserie en pensant avec envie qu’ils étaient sûrement commandés par ces familles qui habitaient les beaux appartements rénovés… Sûr que si elle y pensait davantage elle allait se sentir obligée de retourner à confesse !

Samedi 17 heures

Emma venait de terminer la compote à rissoles ; la pâte feuilletée attendait d’être pliée une septième fois. Elle s’assit cinq minutes pour boire un dernier café …
Les petites  du second  étage étaient sorties avec leurs parents juste avant, sans doute pour aller voir les vitrines et les rues décorées pour Noël.
La vieille dame repensa aux Noëls de son enfance puis à ceux de femme mariée , maman d’un garçonnet turbulent certes mais si mignon avec ses yeux bleus et ses boucles noires  ; mi- souriante elle haussa les épaules pour se débarrasser des souvenirs ….
Il avait bien changé son garçon  !
Maintenant Emma se préparait une fois de plus à passer les fêtes toute seule , à aller à la messe de 9 heures le soir parce qu’elle n’osait plus rentrer de la Métropole passé minuit .
Elle n’installait même plus la crèche .

Elle se resservit un café : « coupé avec de la chicorée  ça ne peut pas me faire mal ». Elle ruminait…..  C’était bien fini les veillées de Noël  avec les voisins , l’époque  des années 50 où en attendant de sortir dans la neige pour aller à la cathédrale  les familles se retrouvaient tantôt chez les uns  tantôt chez les autres ; les enfants jouaient aux petits chevaux , leurs pères faisaient une belote et les mamans bavardaient …  Sa grand-mère assise à côté du poêle disait un chapelet ou continuait son tricot . Vers 11 heures la tisane était servie , un verre de blanc proposé aux hommes  puis chacun passait chez lui mettre  sa plus belle veste , son beau manteau après avoir emmitouflé ses gamins et les habitants de l’immeuble se retrouvaient dans la rue . Il y avait toujours quelqu’un pour aider la grand-mère et éviter qu’elle ne glisse .

«  Les gens sont plus comme avant » pensa t’elle , « avec la télévision c’est chacun chez soi et chacun pour soi »  . Emma se dit qu’elle ne risquait pas de demander de l’aide à ses voisins si elle avait un souci .
Quand elle était remontée tout à l’heure elle avait entendu  Sainte Nitouche discuter avec son mari …faut dire qu’elle avait besoin de poser ses courses ; elle n’était pas restée là pour écouter mais elle n’avait pas pu s’empêcher d’entendre  «  Tu devrais monter lui dire à la mémé du dessus  de ne pas faire de bruit le matin . Elle tourne et vire dès 5 ou 6 heures , son plancher grince et les filles se mettent à imaginer des fantômes »
Emma  avait repris son paquet et continué son ascension . « Elle manque pas de culot ! Se plaindre alors que je fais bien attention à ne pas trop  brasser …. C’est quand même pas le balai qui fait du bruit … De toute façon ce qui la dérange c’est qu’une fois ses filles réveillées elle ne peut pas traîner au lit !
Et puis me traiter de mémé, faut pas exagérer , j’ai pas encore atteint les quatre-vingts … »

Elle avait vu de la lumière chez l’allemande du premier en rentrant des courses et des voix jeunes avaient résonné dans l’escalier une partie de l’après –midi, avec des bruits de bouteilles qui s’entrechoquaient ; depuis un bon moment cependant le calme était revenu.

17h30 ! Elle avait dû s’assoupir quelques minutes. C’est le bruit de la machine à coudre des Silverstein qui avait dû la bercer : une belle Singer  qui avait fait des envieux dans le quartier quand elle avait été livrée en mai 38 ….mais qu’est ce qu’elle racontait là ? « tu déhottes complètement ma vieille » se dit elle .
 Les Silverstein avaient étés emmenés en 43, même que la vieille toupie du dessous, dont le frère s’était engagé volontaire pour le STO, avait dit aux boches que les deux petites étaient en classe. Les parents d’Emma en étaient encore tous retournés quand elle était rentrée de l’école.
Pourtant la machine à coudre continuait  de l’autre côté de la cloison  dans l’appartement au dessus de la boutique dont la vitrine s’ouvrait rue Dessaix...
« t’es fatiguée »  pensa t’elle ; « tu vas finir par croire aux fantômes  toi aussi , comme les petites du dessous » .
Emma se mit debout, finit de préparer ses rissoles et enfourna la première plaque … le bruit de la machine à coudre continuait à se faire entendre ; elle crut même un instant entendre pleurer le petit dernier des tailleurs. « Ce n’est pas possible, j’ai dû abuser sur la gnôle dans la compote ; elle m’est montée à la tête pendant que je touillais pour que ça n’accroche pas au fond de la casserole »

Samedi 1 heures

Emma faisait un petit clopet dans son fauteuil recouvert d’une couverture faite avec des carrés de laine récupérée en détricotant des gilets trop usés pour durer encore. Elle s’était déjà préparée pour aller à la messe de minuit : sa robe noire à petites fleurs et le gilet mauve qui allait avec , le chignon bien serré dans la résille retenait les cheveux qu’elle tirait avec des peignes au dessus des oreilles . Pour ne pas risquer de prendre froid elle avait mis par-dessus la robe  de chambre en laine des Pyrénées qu’elle avait offerte à son Albert à peine queques mois avant qu’il ne passe …comme elle ne voulait pas la laisser perdre elle l’avait mise de côté avant que l’aide-ménagère vienne l’aider à débarrasser le linge .

Des cris de femmes, les pleurs d’un enfant, des pas précipités dans l’escalier …. La vieille dame se réveilla en sursaut ; la  poignée de la porte d’entrée qu’elle avait fermée bougeait ….sans réfléchir elle ouvrit.
Une jeune femme brune  se précipita dans la cuisine, un bébé de quelques mois dans les bras, l’allemande à sa suite.
Elles s’appuyèrent contre la porte  qu’Emma avait refermé précipitamment derrière elles de façon instinctive .
 Des coups sur le bois, au point de faire tomber le plâtre entre chambranle et cloison , des vociférations dans une langue étrangère hurlées par au moins deux hommes, les jeunes femmes pétrifiées , le bébé qui hurlait …. puis plus rien  sauf des pas qui redescendaient l’escalier et les voix enragées qui s’éloignaient .

Bercé, le bébé se calmait ; sa mère le mit au sein tandis que Gertrude (désormais ce n’était plus « l’allemande » ) expliquait à Emma que son amie était une jeune fille de famille turque .Elles faisaient ensemble leurs études et  avaient quitté Berlin en même temps  : l’une officiellement dans le cadre d’un échange entre universités ,  l’autre en cachette  car ,enceinte de son ami , elle avait été condamnée à être tuée par sa famille  qui l’avait promise en mariage à un marchand d’Izmir et voulait « laver son honneur ».
Ils avaient retrouvé la trace de Gertrude et étaient venus chez elle où elles se trouvaient toutes deux pour fêter Noël avec des copains ; elles avaient ouvert sans méfiance pensant que c’était ceux-ci qui arrivaient avec un peu d’ avance.

Dimanche 1 heure

Emma pris congé de Gertrude et ses amis ; elle avait manqué la messe de minuit et se moquait de ce que Monsieur le Curé et ses copines pouvaient penser. Le Noël de cette année valait tous les sermons.
Gertrude l’avait invitée à les rejoindre au premier étage où pour ses copains de la faculté et Gudrun son amie elle avait organisé une fête  .
 Emma avait apporté rissoles et pandoro qui avaient fait plus d’heureux que quand elle les apportait à la Maison Diocésaine. Ils avaient partagé strudels, chocolats, baklawa , vin blanc , chansons , rires …
L’appartement avait bien changé depuis la jeunesse d’Emma ; il y faisait chaud .
La trappe qui permettait de prendre l’escalier de bois descendant à la boutique avait disparu sous un lino jaune . De toute façon la boutique n’existait plus : le local servait à la chaudière .

 En cette nuit de Noël la jeune mère et son bébé, Myriam, allaient coucher chez Emma ; pour être en sécurité avaient elles dit mais surtout parce que cela faisait un grand bonheur à la vieille dame.

Le lendemain elles rejoindraient le logement que Gudrun  occupait sous un nom d’emprunt :l’appartement des Silverstein, au dessus du restaurant indien de la rue Dessaix.
Le bruit qu’avait entendu Emma n’était pas celui de la machine à coudre mais le va et vient d’un  fauteuil à bascule ou Gudrun se balançait en berçant sa fille .
Dire que Gertrude avait choisi cet appartement  parce qu’il était possible  , en enjambant  la balustrade de l’escalier , de rejoindre la terrasse  qui reliait la maison de la rue Croix d’or et celle de la rue Dessaix ; Gudrun avait ainsi un moyen de fuir en cas de danger et de rejoindre Gertrude discrètement .
 C’était bien pensé mais ni l’une ni l’autre des jeunes femmes n’avaient envisagé la possibilité que pour atteindre Gudrun son frère aîné et son oncle pourraient vouloir s’en prendre à son amie .





Lundi 12 heures

Dans la boîte au lettres de Gertrude un courrier pour Gudrun  attendait : sa demande de statut de réfugiée avait été accepté .
Pour l’heure cette dernière attendait son ami à la gare avec la petite Myriam dans la poussette que madame Gozzi  lui avait donnée en disant que ce n’était  « pas grand-chose … il faut bien s’aider dans la vie », que  sa seconde fille allait sur ses trois ans et que cela lui rendait service en permettant de débarrasser le galetas de la layette et du matériel de puériculture qu’elle avait stocké « au cas où …»
Au troisième étage  Gertrude aidait Emma à mettre le couvert pour huit personnes ; tous les habitants de la maison se réunissaient autour de Myriam et ses parents pour fêter  Noël  après le 25 Décembre.
Emma avait les joues rougies par la chaleur régnant dans sa cuisine ; entre la cocotte de fonte où mijotait du lapin et la polenta qui gratinait au four  la gazinière  aurait suffit à chauffer la pièce mais elle n’avait pas voulu couper le chauffage de crainte que la « ptiote » ne prenne froid .
L’émotion de recevoir du monde chez elle qui restait d’habitude toute seule jouait sans doute aussi  un rôle dans les couleurs du visage d’Emma qui était  tourneboulée au point de ne pas prêter attention ni aux mèches s’échappant de son chignon ni au fait que les boutons de sa robe étaient attachés lundi avec mardi .
Gertrude l’aida à se boutonner correctement et lui glissa dans l’oreille de ne pas s’inquiéter, personne d’autre ne le saurait .

Emma se sentait pousser des ailes depuis les évènements de la nuit de la Nativité, des ailes qui ne devaient rien à la religion … elle n’acceptait pas que Gudrun et Gertrude lui disent qu’elle était un ange : un ange ça ne dit pas les choses comme elle les pense et ça Emma ne voulait pas y renoncer .Les après midi à la Mission Italienne  perdraient de leur saveur si elle devait tenir sa langue. De toute façon il fallait bien qu’elle aie quelque chose à dire à monsieur le curé quand elle se rendrait à confesse.


Lundi 22 heures

Emma venait de se coucher ; elle était fatiguée par cette journée de fête . Fatiguée mais heureuse . : pour la première fois depuis le départ  d’Albert elle n’avait pas été seule pour Noël ;son vaurien de fils l’ignorait depuis que le soir même de la mise en terre elle avait dû lui refuser l’argent du livret d’épargne qu’il réclamait .
Cette petite à côté c’était un petit bonheur pour elle qui n’avait pas eu de petits enfants , une famille de cœur  . Ah ça c’est sûr qu’elle avait envie de les gâter un peu
« De toute façon, les sous de la banque je ne partirai pas avec quand ça sera l’heure ! »
Elle aimait bien Gertrude aussi et regrettait qu’à l’été celle-ci doive retourner dans son Allemagne natale .
Elle pensa que si quelque chose n’avait pas changé c’était bien la bêtise humaine et la violence qu’elle engendrait .
Sous son édredon elle écoutait le fauteuil à bascule et s’endormit en faisant revenir l’esprit de la famille Silverstein : le  bébé,  les fillettes , le père qui bâtissait les costumes et faisait fonctionner la machine à coudre, la mère qui se chargeait des finitions …   

préparer Noël 2015

  Une fois  n'est pas coutume , depuis  hier c'est fait ; les paquets sont  emballés  et cachés .
Cachés par ce qu'il y a à la maison une curieuse qui voudrait  bien savoir  et à la fois avoir la surprise le 24 au soir .
 Emballés et cachés aussi pour que je  ne sois pas tentée de céder et de leur offrir un petit quelque chose que  je remplacerais ensuite avant même  le début de la veillée de Noël .
 Je me souviens -et  je n'ai pas de mal puisque Blandine  l'a évoqué il n'y a pas si longtemps -  de Noëls de quand ils étaient petits .
 Il y en eut un où, de retour de chez les grands parents paternels  aux petites  heures du matin , j'ai emballé avec les aînés  les paquets des cadeaux  du matin   pour les derniers juste récupérés de "l'écurie " où ils étaient rangés .
 La miss semble avoir veillé , cachée dans l'escalier ... ce fut la  fin pour elle  du Père Noël .

 Pour Héloïse le  père Noël  est une  histoire qu'elle a cru longtemps et voulu croire encore plus longtemps car... on  ne sais  jamais  ce qui peut se passer si on n'y croit plus :)
De ces fin de soirées  à  faire les paquets  je me souviens de 2 au moins . David et Luc  participaient aux "papiers cadeaux " des scouts   et ils avaient le coup de mains : skis et chaussures , planches à repasser et autres encombrants  avaient  fait partie de leur  journée avec des ours en peluche  plus ou moins volumineux , des boîtes de chocolats , des livres ou des disques .
 Des étendages peuvent même être offerts avec le panier de pinces à linges ... si , j'ai vu !

 C'est  le côté sympa des  cadeaux étonnants , tradition d'une  famille que  j'ai pu apprécier ,  sympa  car ils sont  un clin d'oeil .
 Rien à voir avec la centrale  vapeur offerte pour un Noël ou une fête des mères  à celle qui assure l'intendance de la maison  et qui aurait bien voulu  un peu de rêve , un cadeau  "pour elle" , qui soit choisi dans le but de faire plaisir et pas par ce qu'il est nécessaire pour faire le repassage .
C'est mon opinion  mais peut être que certaines femmes  se font plaisir avec une centrale vapeur , qu'elles en ont rêvé !
Les cadeaux étonnants ne sont pas forcément utiles ;  ce n'est pas leur fonction première . C'est ainsi que  j'ai vu déballer  un  lot de pattes de lapin  par celle qui rếvait de fourrure  ou un  vieux téléphone à touche sans doute retrouvé dans un placard  par celui qui avait égaré  nombre de portables . Leur  fonction est le plaisir de la surprise mijotée , souvent en famille, en plus du "vrai " cadeau  de Noël .
 Le mot "vrai"  ne me convient d'ailleurs pas  par ce que l'autre est vrai aussi , une vraie réponse  qui sous  le sourire  dénote une réelle affection .

Je me souviens aussi d'un énorme tracteur  pour "bébé Luc " au Noël de ses 2 ans , achat auquel Nounou avait participé ; c'est même elle  je crois  qui l'avait repéré la première dans   un rayon  du super marché local .
 Un gros tracteur rouge  auquel on pouvait accrocher une remorque , inusable et qui  a servi au petit  frère plus tard  quand n°2 a bien voulu le laisser .
Si un jour mes enfants  vous avez un petit garçon  ne vous étonnez  pas si  vous trouvez sous l'arbre un gros tracteur rouge ...



 Ces Noëls là restent pour moi  à la fois de bons souvenirs et des pincements au coeur  car impossible d'envisager la venue de ma mère ou un Noël chez nous , un  moment qui ne soit pas dévolu à "la grande bouffe" abondante à l'excès et onéreuse ,sans juste mesure .
Il y avait  là trop de choses auquelles je  n'adhérais pas ; ma mère refusait l'idée de venir peut être par ce qu'elle  ne le souhaitait pas , peut être par ce qu'elle savait  que  je n'avais pas possibilité de faire le choix de la recevoir, peut être par ce qu'elle a toujours cru que cela me convenait -ou même  me faisait plaisir- d'aller dans la  belle famille pour toutes  les  fêtes carillonnées (en plus des autres occasions ) ; je crois que pour elle la dernière option était sa  vérité et qu'elle  s'est engagée à aller travailler au PMU ces jours là par ce qu'il lui était plus  facile de  me dire à l'avance qu'elle  ne serait pas libre plutôt que d'être disponible et d'attendre une invitation  qu'elle  pensait que  je ne voulais pas faire .
Bien des années plus tard ,alors que je peux plus évoquer cela avec elle - car il y a  bientôt 20 ans qu'elle est morte- pas plus qu'avec mon père , je me demande encore  si il  n'y avait rien à voir  par ce que je le cachais  bien ou si  mes parents  n'ont rien voulu voir .

 Ne croyez pas que les Noëls de ces années là ne sont que de mauvais souvenirs ; les 2 exemples pris plus  haut  vous montrent bien que non. Ce  ne sont pas les seuls : me vient  à l'esprit une  locomotive   -rouge elle aussi - ,
 de la dinette et la cuisinière des filles , les premières Barbies que j'ai acheté pour Blandine  en choisissant des princesses (et pas des figures de modes , des pimbêches , telle que lui avaient offert mes  beaux parents alors qu'elle devait avoir 3 ans ),avec cheval ou voiture  pour entretenir le rêve et contrecarrer la vision de ma  belle -mère , les poupées avec leur trousseau




 (satisfaction de rêves d'enfant comme le tracteur rouge )ou les micro-machines .

  Que ce soit pour les Barbies  ou pour les micro-machines


j'ai le souvenir d'un camping-car . Rebellion contre cette foutue caravanne , réalisation modèle réduit d'un rêve  qui a  débouché sur Dumbo ?


A vrai dire  je m'en fiche.
 Ce dont  je me souviens  c'est de la recherche de ces cadeaux que  je destinais aux enfants (avec la comparaison des Action-man  que  je ne voulais pas trop guerriers - mais  pas au point de leur substituer  un Ken  de Barbie - avec un côté aventurier  associé  à la combinaison de plongée ou au parachute  mais sans mitraillette
 plus celui là ou celui ci (s'il avait existé à l'époque ) que


celui-ci

 Je me souviens  des boîtes de Lego - y compris  les Lego techniques - bateau , avion ...-


 et d'un Mécano , d'un chalet en bois

 et de Playmobiles ...
Il y eu  plus tard pour Blandine la maison  Playmobile




Pour  Héloïse un zoo (merci Parrain ) , une ferme  , des animaux  Playmobile , d'autres Lego -plus filles - sont venus  à Chambéry  completer  le contenu des tiroirs .




 Je  me souviens aussi d'un lecteur de cassettes


 d'une toupie ,

de cubes ,

de puzzles ,

de livres d'images

   d'une grue et d'engins de chantier,

 d'un dinosaure violet ,

 d'un tigre en peluche ,





  de cassettes vidéo  (Père Castor raconte moi une histoire ... mais aussi Barbie Casse Noisette et Raiponce , Heidi ou Les malheurs de Sophie -venues de Versailles -, Bambi et les Aristochats ... )

de jeux pour vos maudites consoles dont  je ne voulais pas ,

 du Lynx  et du Monopoly  dont  vous faisiez de grandes parties avec Bernard

d'un cheval  qui clignotait et faisait de la musique(impossible d'avoir la bête sans la donzelle),

des Duplo ...  du fait de choisir avec -souvent-  l'idée de  vous faire  progresser (d'où les jeux éducatifs  qui  sont rasoirs et ne sortent pas du placard ;j'ai vite compris  mais pour les 2 grands j'avais encore toutes mes illusions )  et que  sur le plan esthétique cela  ne heurte pas pas sensibilité . Honnies donc les figurines des Tortues Ninjà  et autres "cochonneries " jusqu'à ce que je cède devant les Barbies et Actions Man  par ce que c'était votre plaisir  (et aussi  pour  ne pas laisser  aux grands parents paternels  l'apanage  de vous offrir voitures Batman  ou autres  objets de vos désirs entretenus par les publicités de la TV et les  copains .

 Vous n'avez plus l'âge de ces cadeaux finalement assez  faciles à trouver ; les désirs d'enfants sont plus faciles à combler que ceux de jeunes adultes  dont  je ne sais  finalement plus grand chose  ce d'autant  plus que , pour les 3 grands ,  nous  ne partageons plus le quotidien.
 Vous écrire tout cela  c'est aussi dans ma tête vous offrir un peu de temps  et des souvenirs .
 Bon Noël  à tous les 5

 Maman













lundi 6 janvier 2014

Noel 2013

  J'ai eu fait des articles  autour de Noël  et des rues   décorées  de Chambéry  ; ceux  ci sont allés  se perdre dans les profondeurs de la Toile
Ils  me semblaient, au moment de leurs publications , correspondre  à ce que  j'éprouvais  et à ce qui  était vécu  du plaisir  de se  promener et de chiner   à la recherche de  " la  vitrine " ,  donnant  envie  de la photo .
 De la vitrine ou  du  personnage animant  la rue .
 Il y eut ainsi  l'année de  l'orgue de barbarie et celle du duo de  violonistes .

 Renouvellé sans  être modifiée  depuis  la  fin des années 70  il y a  la charette du marchand de marrons  chauds   devant les " galeries Lafayette" qui sont    restées  "dames  de France "  dans ma mémoire  , à l'angle de la rue Saint Antoine .
 Si le  bâtiment du conservatoire m'attire pour les sonorités  qui s'en échappent ,  là   c'est l'odeur  qui  me fait m'approcher  ; l'odeur  et les souvenirs .
 Il y a bientôt  trente cinq  ans   que  j'ai fait à Chambéry ma première année de  fac dans les bâtiments alors  neufs de Jacob  .
 Rue Marcoz  se  trouvaient les lettres et la fac de droit  me semble t'il et  un peu plus loin dans la rue , à hauteur du collège Louise de Savoie ,  l'école normale  .
 Il  y avait  une  cité universitaire de taille réduite et un resto' U   à Jacob , insuffisants  pour accueillir  tous les étudiants  qui l'auraient souhaité   parmi les inscrits  par ailleur  peu  nombreux en  comparaison de Grenoble ou Lyon .

Évolution démographique

Évolution démographique de la population universitaire
1960 1973




1979
300 1 68419




2 53219





1986 1994 2000





4 13920 10 400 12 10121



















2012 - - - -



12 47833 -

 Un effectif  réduit  séducteur pour les parents  , une plus grande proximité  apparente  pour les  familles  haut savoyardes ... bref , une première étape   vers l'envol , la  fuite  du  milieu  familial   synonyme  de prise de liberté .
même si j'ai alors rêvé  de  points de chute plus éloignés  Chambery était un premier pas  qui a permis de faire accepter Lyon  l'année suivante pour une  option  ne s'enseignant pas en Savoie .

Le marchand de marrons  était déjà là  , au même coin de rues , évoquant 
  pour moi ceux  qui  vendaient les leurs dans les rues de Genève,
marrons -tentation  peu souvent satisfaite  dont  l'odeur et le goût  sont une partie de mes madeleines  de Proust
Marrons -tentation que  j'achète encore  avec l'impression de  braver un interdit  édicté par ma mère  du fond de son urne .

 Nombreux étaient les étudiants  qui  logeaient dans la vieille ville , au dernier étage  de  maisons  donnant  sur la Place Saint Léger , les rues ou les traboules . C'était  le cas  de  mon  binôme , camarade de  fac  venant  du  côté de Frangy .
Moi   j'habitais  en haut, au rez de chaussée  d'un batiment   dans la seconde tranche de la ZUP en cours  de construction .
 C'est avec  Christine  que  j'ai connu  le  gruyère mangé avec du pain moutardé , les soirées cinéma et celles   passées  à   rédiger des comptes rendus de TP .
Les dessins d'observation  de biologie devaient être rendus  sur un papier de dessin  de grains spécial et de format spécial  utilisé  uniquement pour  cela  que je n'ai   jamais utilisé   ailleurs .
 J'y ai appris  à faire des coupes minces avec du sureau et  une lame de rasoir , lame de rasoir  aussi  utilisée pour  gratter les taches et  les erreurs sur les calques de  géologie .





Des techniques  que j'ai pu  réutiliser  au  lycée  avec mes élèves   qui   , pas plus que  nous , n'avaient  de Rotring ou de microtome(rasoir)manuel .










 

Ce materiel  là  est venu   avec  le départ  à Lyon et  la trousse  à dissection  plus élaborée , la découverte de la cité U qui m'a fait apprécier encore plus  le confort  de logement de cette première année  pour l'espace  de ma chambre ,  le chauffage  et la douche  non partagée .











 

 Passer ce matin  devant  un des immeubles  où  j'avais eu  ma  chambre  m'a  fait  me souvenir de cette période  où   j'allais tantôt  à pied tantôt en 103  de
Chambéry le haut  à Chambéry  centre  puis  du centre à Jacob   et retour  pour aller en cours  et en revenir  avec  très souvent  une pause Place saint Léger .

 Les   maisons de la vieilles  villes sont connues  pour   communiquer entre elles  par des  couloirs  qui  traversent  les   combles de  plusieurs   immeubles .
 C'est dans ces  greniers  que se trouvaient   la plus part des logements d'étudiants .
  Sans doute est ce encore le cas maintenant  bien que l'offre en cité U du Crous  ait augmenté  et que des  résidences  privées  neuves  aient été construites .
Les risques liés   aux incendies   sont  mieux  prévenus maintenant  mais   ils subsistent de part   le mode de construction  (beaucoup  de  bois )   et l'entrelacs  des   passages


"les quartiers anciens, d’accès limité pour les véhicules de secours, aux constructions très imbriquées sans stabilité au feu, nécessitent une vigilance particulière."

 http://www.chambery.fr/798-securite-incendie.htm

 Je  n'en avais alors  nullement conscience  mais  ces dernières  années  la population a été fortement sensibilisée tant par  les  incendies  avec des dégats que  nous avons pu voir de la rue  que par les   exercices  grandeur nature et les  messages de sensibilisation 

"
f.... un incendie s’est déclaré au 41, rue d’Italie."
Si le bilan de cet incendie n’est pas plus lourd, c’est pour plusieurs raisons, explique le Capitaine Nicolas Rubod des sapeurs-Pompiers de Chambéry : d’abord il est arrivé en débutde journée, et non en pleine nuit quand tout le monde dort ; ensuite et surtout,
parce que la personne chez qui le feu a pris avait un détecteur de fumée – le même feu
sans détecteur et le bilan humain aurait été beaucoup plus grave – ; enfin, parce quelorsque cette même personne chez qui le feu a démarré est sortie pour aller prévenir ses voisins, elle a pensé à fermer la
porte. Le feu est donc resté dans son appartement, il n’a pas gagné les parties communes et les gens ont pu sortir sans problème. Après, il y a bien sûr eu l’action des
pompiers, de la police... Pour prévenir les
incendies, il faut que les Chambériens prennent conscience qu’ils doivent agir eux-mêmes pour leur propre sécurité,c’est-à-dire avoir chez eux un détecteur incendie et
sensibiliser leur syndic àl’évacuation des caves, des greniers, à la
sécurisation des parties communes...

Tous les secteurs de Chambéry sont exposés
au risque d’incendie
  les quartiers anciens, aux constructions très imbriquées et bâties avec des matériaux souvent inflammables, le sont plus particulièrement
 http://www.groupe-habiter.com/upload/wysiwyg/missions%20sociales/revue%20de%20presse/incendies-chy-mag89-mai10.pdf 
Si  j'en crois les chiffres  indiqués par la  mairie il y aurait  environ 8/10 des logements   de l'ancien Chambery  considérés comme présentant des risques  très importants  et pouvant  potentiellement être dangereux ( ville ancienne , Rue et place d'Italie , Fbg Montmélian , Fbg Reclus , Calamine ,  Grenette , Fbg Nézin , Quartier Fontaine Saint Martin .

 L'an dernier (2012/2013)  la période des fêtes  de fin d'année  m'est  pleinement apparue  surfaite ; cette année  il en fut de même .
 Est ce moi  , est ce le contexte  dans lequel  nous vivons avec   les remugles des évocations  de  crise économique   et ceux d'une insécurité  ? 
 est ce   lié  au fait que  sur  la  fratrie  il  n'y a plus que 2/5  d'enfants  qui   sont  au logis en cette période  convenue comme étant celle de retrouvailles familiales , les autres étant   distants  par les  kilomètres ou par   indifférence ? 
Peut  être aussi  par ce que  j'aurais  voulu  les  faire plus beaux que de coutume  ces  Noël  pour  le plaisir de  Saïd  mon compagnon  qui , venu  d'Algérie ,  avait  peut être en tête   une féerie   ne correspondant pas à la réalité .

 Si l'an dernier  les   éclairages  et l'animation du marché de Noël  m'ont incitée  à sortir  ce ne fut pas le cas   en décembre dernier . Une traversée  du marché de Noël   mi décembre   m'a  laissée déçue ; il m'a semblé terne  , plus  destiné  à faire du chiffre d'affaire  qu'à faire  la fête .
Saïd et les  filles   sont eux aussi  restés  sur la réserve , sans allant particulier pour  aller promener en ville .
Le froid et  l'absence de  neige  ont peut être aussi  joué un rôle  dans cette désaffection .
J'ai été marquée par la "ternitude " qui régnait sur la ville .
 Oui ,  
 c'est cela 
 le clinquant de certaines devantures    n'était que clinquant  ,  camelote  qui voulait taper   dans l'oeil  , factice .
Je  n'avais pas envie de factice . Mes proches   guère plus que moi sans doute .
 Et   en écho de cette  phrase de Saïd   le 25 décembre au soir  " ce n'est   que cela Noël "  traduisant  la  "chute" du mirage  dans la réalité  viennent  ces autres commentaires  :" je suis  heureux " pour   des temps partagés , des traditions  perpetuées  , des   plats  spécialement cuisinés  , un arbre  de Noël  à la décoration duquel  nous avons tous les 4 mis la main 
 et le "c'était  un  beau  Noël "  de ma dernière fille ce matin  dans la voiture vers la gare , le train , l'internat  - voiture  où le pare  brise gelait à l'interieur -.
Oui , ce fut  un  beau  Noël  qui a commencé  bien avant   dans la quête  de ce qui allait  faire plaisir  et  la recherche  de  la recette  d'un plat  à partager ,  dans  le désir de  vouloir faire plaisir ... loin  de ces  vitrines  de magasins de  jeux  vidéos où  un  bonhomme   chapeauté de rouge semble prêt à dégommer le chaland ;
 qui s'est achevé dans un  jeu de société  à 4 autour de la table  , ensemble pour un moment d'après midi , de soirée ;
 qui  a  été une occasion  d'offrir  l'attendu et  l'innatendu, l'esperé et la surprise ,   préparé et emballé en cachette   .

Noël  il y a 35 ans  n'était  ni plus  ni moins que  cela  , un moment    tranquillement  partagé  autour de la table de ma  grand-mère  qui avait  eu  à coeur de  cuisiner  pour  nous  faire plaisir .
 Les rissoles  sont toujours  d'actualité  et  être ensemble  a  du sens  : celui d'être  à l'écoute de l'autre , de passer du temps les uns avec les autres .
 J'en ai fini  depuis près de dix ans  de cette débauche de tape à l'oeil et de  bouffe  chez  mes ex-beau-parents   où être  juxtaposés  remplaçait  l'être ensemble  sauf exceptions .
Noël  est déconnecté de son sens religieux  , mémoire de  la venue de Jésus sur Terre ; ce n'est depuis   bien avant  ma naissance  qu'une tradition  perpétuée en terre  chrétienne  pour une réunion de famille .
La famille nucléaire  remplace  la famille  élargie ; elle peut être  monoparentale  ou recomposée  C'est important  pour moi   de  prendre le temps d'être en famille   , de l'agrandir  aux amis  pour des moments partagés simplement , sans artifices ,  en posant les uns sur les autres  un regard  bienveillant .