lundi 4 janvier 2016

d'une vieille histoire et d'aujourd'hui


Elle se réveille le coeur en tachycardie . Cette vieille histoire et surtout la façon dont elle a été modifiée et utilisée lui pourrit la vie par moments depuis qu'elle a retrouvé dans le dossier de divorce le témoignage de son ex-belle soeur .
Elle n'en a pris connaissance que l'année dernière en cherchant des documents se trouvant dans le dossier pour une autre procédure lancée par celui qui a été son mari .
Depuis elle en en a rêvé , cauchemardé, et y repense par à-coups avec à chaque fois de la honte et de la peur à l'idée que cela soit su et puisse être évoqué à son encontre .
Elle a honte et de ce qu'elle a fait impulsivement en réaction et de s'être laissée manipulée sans rien y voir , de sa naïveté -pour ne pas dire sa niaiserie- qui lui apparaît avec le recul;elle n'est pour autant pas sûre que si les faits se produisaient maintenant elle serait plus méfiante.

Tout a commencé par la perte de ses clés sur le parking une fin d'après midi d'hiver . Elle ne s'en est aperçu qu'au moment de rentrer chez elle après avoir été manger chez les parents d' une copine .
Elle a pensé alors les avoir perdu .
Avec ses clés était accroché un petit bonhomme en métal auquel elle tenait énormément car c'était un cadeau de son père, un Jacquemard fabriqué à l'occasion de la cinquantième fête des musiques du Faucigny.
Elle a alors récupéré le trousseau de secours déposé chez une voisine.
Le copain de la copine est venu changer le verrou mais celui qu'il a posé n'avait qu'une seule clé ...enfin c'est ce qu'il lui a dit.
Elle est partie quelques jours et à son retour il lui a semblé que des choses avaient été déplacées dans le logement. Bêtises car la porte était bien fermée .
Quelques nuits plus tard les appels téléphoniques anonymes ont commencé ; silence ou respiration bruyante dans l'appareil lorsqu'elle décrochait ,musique parfois .
Elle en a parlé autour d'elle et la copine au verrou lui a dit que cela lui arrivait aussi , qu'elle avait pu savoir quel était le numéro de son correspondant en utilisant un appareil que son copain avait ramené d'Amérique et qu'elle avait rappelé en faisant la même chose , que cela s'était arrêté .
Elle a bien sûr accepté que le test soit fait chez elle après quelques semaines ponctuées d'appels nocturnes .
Plusieurs fois en rentrant elle a trouvé le verrou fermé à double tour alors qu'elle pensait n'avoir pas plus que les autres jours donné un tour de clé ; parfois même la serrure de la porte était fermée alors qu'elle n'avait pas souvenir de l'avoir fait et que d'habitude elle se contentait de tirer la porte .
Ce qu'elle toujours d'ailleurs .
Elle n'a jamais verrouillé sa porte même quand elle avait une poignée permettant d'ouvrir de l'extérieur .
Il lui est arrivé d'autres fois d'avoir une impression d'étrangeté en rentrant chez elle , le ressenti d'une bizarreté comme une présence qui viendrait de s'évanouir .
La copine lui a inscrit le numéro sur un papier , elle a fini par l'utiliser 5 ou 6 fois en réponse, en représailles , suite à ces sonneries au milieu de la nuit qui la réveillaient et l'angoissait .
En mettant des chansons en fond sonore .
Elle ne s'est alors pas interrogée sur la fameuse machine , n'a pas douté de la parole de la copine .
Il n'y a plus eu de sonneries nocturnes mais plusieurs fois encore elle a eu l'impression que quelqu'un était entré chez elle en son absence .
Cela l'angoissait .
Elle s'est alors attachée à fermer la porte à clef quand elle sortait .
Elle tirait même le verrou quand elle rentrait , effrayée à l'idée que quelqu'un pourrait entrer .
Quelques jours ont passé , elle s'est trouvé ridicule : même si quelqu'un avait trouvé ses clés comment aurait il pu savoir à qui elles appartenaient ?
Elle s'est rassurée , s'est tournée en dérision quand elle se prenait à vérifier en rentrant si il n'y avait personne dans la douche , uniquement par ce qu'elle avait l'impression d'une odeur , d'un air différent en passant la porte .
Quand elle a parlé autour d'elle de ce qui se passait elle a été moquée ...à raison a t'elle pensé ; les fantômes n'existent pas et nul être de chair ne peut passer à travers une porte fermée .Son imagination lui jouait des tours

Un jour en prenant le courrier juste avant de partir travailler elle a trouvé son Jacquemard dans la boîte aux lettres ; elle a été prise de panique .
Elle était terrorisée et n'avait pas la tête à ce qu'elle devait faire .
L'impression que son logement était visité quand elle n'y était pas correspondait peut être à la réalité . Quelqu'un qui la connaissait avait ses clés , venait sans doute quand elle était absente, pouvait pénétrer dans le logement n'importe quand... Elle a passé plusieurs nuits inquiètes , cherchant à identifier les bruits .
Fermer systématiquement le verrou en sortant était la solution : celui ou celle qui avait récupéré le trousseau et ne le lui avait pas rendu ne pouvait posséder la clé du verrou .
Elle a fini par se moquer de la folie de ses pensées quand elle se prenait à suspecter que quelqu'un était passé chez elle par ce qu'elle ne trouvait pas tel ou tel objet là où elle pensait l'avoir posé ; il n'était jamais bien loin , juste quelques centimètres à côté . Si la paire de ciseaux n'était pas dans la boîte à crayon mais sur le bureau cela ne pouvait être que par ce qu'elle ne l'avait pas rangée .Elle n'avait pourtant pas le souvenir de s'en être servie .
Une inquiétude sourde l'a accompagnée plusieurs jours puis , puisqu'il n'arrivait rien , elle s'est tranquillisée.
Elle a alors accepté un travail d'été qui l'obligeait à dormir sur place. Elle partait tôt le lundi et revenait le samedi .
Il y a bien eu un jour où ,elle a eu la certitude que quelqu'un était passé : la porte fenêtre était entrebâillée. Ce n'était pas possible pourtant .
La porte était toujours verrouillée quand elle est rentrée . Au dernier moment , en retard pour partir le lundi matin elle a dû oublier de fermer la fenêtre . Cela n'avait eu aucune importance : les volets étaient tirés et , de toute façon , elle habitait au quatrième étage.


Elle ne pensait plus à tout cela quand elle est retournée en cours . Elle a donc été surprise par la convocation d'un professeur . La copine à la boîte magique était déjà dans le bureau quand elle y est entrée .
La réprimande l'a prise de court ; elle s'est vu accusée d'appels anonymes chez ce professeur y compris pendant les vacances .Elle a essayé d'expliquer ce qui était arrivé , de dire qu'elle n'avait pas été chez elle tout l'été ;la honte de ce qui lui était reproché était si grande que cela lui a été impossible .
Elle n'a pas compris ce qui s'était passé.
En y repensant 25 ans plus tard cela lui noue encore l'estomac .

Elle a réfléchi ensuite à ce qui s'était passé sans jamais comprendre le pourquoi de tout cela . Son trousseau n'avait jamais été égaré et le nouveau verrou avait sans doute été vendu -comme c'est l'usage -avec 2 clés. Quelqu'un , la copine de l'époque sans doute , avait manigancé tout cela pour utiliser le téléphone de façon tordue .
On lui a dit une fois que la donzelle en question avait dragué le professeur et qu'il l'avait repoussée, qu'elle était jalouse de ce qu'il m'ait proposé d'encadrer les travaux pratiques du premier cycle pour compléter ma bourse .
Est-ce une explication plausible ?

Elle ne comprend toujours pas que cela ait pu engendrer un tel comportement .
Pas plus qu'elle ne comprend l'intérêt qu'il peut y avoir eu à évoquer cette vieille histoire dans un divorce , l'intérêt qu'il peut y avoir à salir quelqu'un dans une affaire qui ne nous concerne pas .Elle ne comprend pas cette volonté de blesser , de nuire , qui va jusqu'à présenter de telles allégations.
Elle se heurte toujours à ces affirmations mensongères , dégradantes , qui la poursuivent à travers des dossiers où il n'y a pas de faits avérés mais tant de déclarations emphatiques qui veulent la montrer coupable et vont jusqu'à nier les éléments dont elle donne la preuve .
Elle a peur que ses enfants la jugent comme mauvaise au vu des dires présentés comme des vérités , réitérés dans chaque procédure par la partie adverse alors même que l'objet de celles ci n'est plus le divorce comme s'il était important de continuer à maintenir une emprise par des accusations et des qualificatifs insultants qui se retrouvent écrits dans les minutes de ces jugements qu'elle doit présenter chaque fois qu'une administration le demande , dont elle ne peut donc se débarrasser .
Elle a peur de regard des autres au cas où ils liraient le document .
Elle se sent salie à chaque fois qu'elle doit en faire état .
Elle sait que c'était maintenir la violence de la relation à travers les années par le biais de l'inscription sur des documents officiels .
L'utilisation de cette vieille histoire de manipulation présentée de façon tronquée c'est continuer à vouloir manipuler.Et tant d'année plus tard cela reste toxique .
Alors elle a tenu à expliquer comment elle a vécu les choses , à se justifier , comme si elle était coupable de ça et du reste de ce dont elle a été accusée .
Elle espère qu'écrire les choses va l'aider à leur redonner leurs justes importances .

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